Monaco. Francisco Tropa au carrefour
de la géologie, l’archéologie et l’ethnologie...
Le NMNM (Nouveau Musée National de Monaco) invite l’artiste Francisco Tropa (1968, Lisbonne) à investir les espaces de la Villa Paloma jusqu'au 21 avril 2025.
- João Queiroz - Francisco Tropa, Pietà, 2022.
Bronze, miroir, encaustique sur bois, trépied en acier peint,
© Francisco Tropa, Courtesy de l’artiste et Galerie Jocelyn Wolff.
Crédit photo : Ph. François Doury -
Pour l'exposition « Paésine », qui tire son titre des pierres imagées (pietre paesine), cet artiste majeur de la scène portugaise, figure incontournable de l'art contemporain, présente un ensemble inédit de cinquante sculptures, films, projections lumineuses et œuvres sur papier. Créées entre 2012 et 2024, plusieurs de ces œuvres ont été produites spécifiquement pour l’exposition, à l’instar de la monumentale sculpture Pénélope, installée sur le parvis de la Villa Paloma.
Empruntant le terme de paésine, qui désigne une pierre imagée dont les motifs évoquent un paysage peint, l’exposition propose d’aborder l’œuvre plurielle de Francisco Tropa au regard de trois grands thèmes : la géologie, l’archéologie et l’ethnologie. À l’intérieur de la Villa Paloma, Francisco Tropa a créé un décor de roche, d’eau et de lumière. Par une expérimentation continuelle de la matière, il développe une pensée analogique du minéral et de l’organique, du naturel et de l’artificiel, et nous propose de parcourir les salles d’un lieu antérieur à l’invention des musées, ignorant tout discours rationnel pour revenir aux temps de la curiosité.
Dans cet espace incertain, il rejoue les origines de l’art, des Vénus préhistoriques jusqu’aux œuvres minimalistes du siècle dernier. Les figures tutélaires de Marcel Duchamp, Claes Oldenburg et Donald Judd, croisent celles d’Edgar Allan Poe, Raymond Roussel ou Jorge Luis Borges. Détournant avec humour les méthodologies scientifiques, Francisco Tropa invite le public à envisager une autre histoire des formes, que l’on peut situer dans l’héritage du concept d’anarchéologie. À rebours des récits historiques, l’artiste déconstruit l’espace même du musée, (re)devenu caverne platonicienne.
Le parcours de « Francisco Tropa. Paésine » au NMNM commence sur la terrasse de la Villa Paloma, où est installée la sculpture monumentale Pénélope, réalisée spécialement pour ce lieu, et se développe à travers les différentes salles d’exposition. Le musée a ici été envisagé par l’artiste comme un espace allégorique, au sein duquel les visiteurs suivent un parcours ascensionnel : le premier étage est lié au monde sous-terrain, le second au monde terrestre, tandis que le dernier étage interroge les représentations du firmament et de l’au-delà.