Chateaubriand. Atala fait date...

Catégorie Les Arts au soleil

À partir du 4 octobre, et pour une durée d’un an, le Domaine départemental de la Vallée-aux-Loups - Maison de Chateaubriand, présente une exposition consacrée à Atala, roman publié en 1801.




Éditions et rééditions, source inépuisable de nombreux artistes, produits dérivés, imitations, contrefaçons, traductions, parodies... les collections de la maison de l’écrivain témoignent du succès fulgurant et durable du texte de Chateaubriand. Au tout début du XIX e siècle, c’est bien Atala qui lui apporte la gloire et lance sa carrière littéraire. 

Le parti pris de l’exposition « Atala 1801 » est notamment centré sur la mise en scène du récit, à travers douze extraits des principaux temps forts du roman. Une centaine d’œuvres, d’une grande diversité, créées aux XIX e et XX e siècles, sont présentées : peintures, gravures, dessins, sculptures, objets d’art, objets décoratifs, produits dérivés, éditions (originales, parodiques, illustrées, traductions).

Du voyage en Amérique au roman novateur Atala naît en Amérique. La nature étrangère et sauvage, l’immensité et la beauté des paysages, la rencontre des Amérindiens fécondent dans l’œuvre de Chateaubriand un cycle américain qui comporte, outre Atala et René (1802), Les Natchez (1826) et le Voyage en Amérique (1827). Empreint d’exotisme, le récit d’Atala se déroule au XVIII e siècle, dans les décors de l’Amérique du Nord, où Chateaubriand a voyagé en 1791. Il est raconté par le vieil Amérindien Chactas à René, Français exilé vivant dans la tribu des Natchez. L’histoire est celle de l’amour tragique, contrarié par un redoutable secret, de deux jeunes Amérindiens appartenant à des tribus ennemies, Atala et Chactas.

Atala n’est toutefois pas un roman exotique parmi d’autres, nombreux depuis le XVIII e siècle. Son style est novateur. L’Amérique, encore méconnue, semble apparaître sous la plume de l’écrivain, qui magnifie la nature en d’éblouissants tableaux. La richesse et la puissance des descriptions, les images audacieuses, la beauté de l’écriture aux accents poétiques forment une matière sonore et sensuelle inédite qui renouvelle la prose. 

De l’édition originale en 1801 à la version définitive en 1805, Atala est imprimé douze fois, traduit, contrefait et parodié. Il est aussi critiqué et attaqué ; Chateaubriand explique dans ses Mémoires d’outre-tombe : « Atala tombant au milieu de la littérature de l’Empire, de cette école classique, vieille rajeunie dont la seule vue inspirait l’ennui, était une sorte de production d’un genre inconnu. On ne savait si l’on devait la classer parmi les monstruosités ou parmi les beautés [...] Le vieux siècle la repoussa, le nouveau l’accueillit. »

Contribuant à la popularité du roman, tous les arts - beaux-arts, arts décoratifs, poésie, théâtre, musique, arts populaires - s’inspirent des héros et de leurs aventures. Les fabricants de « produits dérivés » s’emparent de l’imagerie des Indiens d’Amérique vus par les Européens. L’engouement est tel qu’on assiste à une extraordinaire « atalamania ». CQFD !



- scène d'Atala, oeuvre de Levy Dhurmer -