Nice. Vivian Maier, photographe de rue...

Catégorie Les Arts au soleil

Le musée de la Photographie met à l’honneur cette artiste au parcours exceptionnel : 140 photographies et vidéos sont regroupées dans « Anthology », qui permet de saisir l’ampleur de l’œuvre de cette photographe autodidacte passionnée.


- Self-portrait, New York, 1954 © Estate of Vivian Maier -


Anne Morin, Commissaire de l’exposition, a été désignée en 2022 « Curator of the year » lors des Lucie Awards au Carnegie Hall de New York, pour son travail sur l’exposition de Vivian Maier, au Musée du Luxembourg. Elle explique :

« Vivian Maier (1926-2009) travailla comme gouvernante d’enfants à Chicago au début des années 1950, et pendant plus de quatre décennies. Toute une vie passée inéluctablement inaperçue jusqu’à la découverte en 2007, de son corpus photographique : une œuvre colossale constituée de plus de 120.000 négatifs, de films super 8 et 16 mm, d’enregistrements divers, de photographies éparses et d’une multitude de pellicules non développées.

Malgré le manque de recul pour confronter les différentes analyses scientifiques et critiques de ce travail, l’exposition Anthology permet de saisir l’ampleur de l’œuvre de Vivian Maier. Avec une sélection de 140 images et vidéos, cette présentation permet d’apprécier la qualité du regard et la subtilité avec laquelle Vivian Maier s’est approprié le langage visuel de son époque.

Totalement autodidacte, Vivian Maier photographiait la rue, des gens, des objets, des paysages ; en définitive, elle photographiait ce qu’elle voyait, tout simplement, abruptement. Elle savait saisir son temps en une fraction de seconde. Elle racontait la beauté des choses ordinaires, cherchant dans le quotidien et le banal, les fissures imperceptibles, les inflexions furtives du réel.

Son monde c’était les autres, des inconnus, des anonymes que Vivian Maier effleurait le temps d’une seconde, de sorte que ce qu’elle photographiait, c’était d’abord un rapport de distance, cette même distance qui faisait de ces personnages, les protagonistes d’une anecdote sans importance. Et même si elle ose des cadrages impérieux, déconcertants, Vivian Maier reste au seuil, voire en limite de la scène qu’elle photographie, jamais au-delà pour ne pas en être invisible.

Elle prend part à ce qu’elle voit et devient elle-même sujet. Les reflets de son visage, son ombre qui s’allonge sur le sol, le contour de sa silhouette, se projettent dans le périmètre de l’image photographique. Vivian Maier a réalisé de nombreux autoportraits tout au long de ces années, avec l’insistance de quelqu’un en quête de soi-même. Elle cultivait une certaine obsession, moins pour l’image en soi que pour l’acte de photographier, pour le geste, comme un accomplissement en devenir. La rue était son théâtre, ses images un prétexte. »


- New York, September 3, 1954 © Estate of Vivian Maier -


  • Le musée de la Photographie Charles Nègre projettera à l’occasion de cette exposition le film documentaire « A la recherche de Vivian Maier » réalisé par John Maloof et Charlie Siskel.