Le gavage des oies et des canards…

Le consommateur qui se régale comme moi, d’un met incontournable présent à tous les menus ou presque des fêtes de fin d’année et d’autres festivités, fait, à l’insu de son plein gré, l’impasse sur les pratiques qui entourent cette tradition culinaire, voire gastronomique. Mais l’information finit un jour ou l’autre par parvenir à nos oreilles de façon répétée et l’on ne peut plus faire semblant de l’ignorer. CIWF France qui s’est donné mission « d'aboutir à une agriculture et une alimentation justes et durables, prenant en compte le bien-être animal, les humains et la planète » enfonce le clou :


- visuels © L214 Éthique & Animaux -


« Si quelqu’un était maintenu dans une quasi-obscurité, enfermé, et que deux ou trois fois par jour son geôlier sortait de nulle part pour le maintenir au sol en lui enfonçant un tube dans la gorge afin de lui remplir l'estomac, nous n'aurions qu'un seul mot pour décrire cela : torture.

Ce cauchemar est pourtant le lot ordinaire de plus de 35 millions de canards et d'oies chaque année, élevés à la chaîne pour la production de foie gras dans l'Union européenne. Les élevages intensifs sont devenus si efficaces qu'une personne seule, équipée d’un simple système d'alimentation pneumatique, peut gaver jusqu'à 400 oiseaux en seulement une heure. Ces conditions d’élevage sont d’ailleurs propices à l’apparition de maladies comme la grippe aviaire, qui a fait des ravages en France l’année dernière.

La souffrance que cette technique provoque est indescriptible. Elle génère des contusions à la gorge et à la tête, des blessures au bec et des infections, et au stress quotidien se substitue très vite de la peur, voire de la terreur. Le foie de l'animal peut gonfler jusqu'à dix fois sa taille normale, laissant les oiseaux brisés, épuisés et incapables de marcher correctement. S'ils n'étaient pas abattus au terme de cette terrible période de gavage, ces animaux sensibles mourraient probablement d'insuffisance hépatique aiguë.

Le gavage forcé de millions d'animaux n'est malheureusement qu'une des nombreuses pratiques que les élevages intensifs ont mis en place pour produire toujours plus de viande. Dans toute l'Europe, des millions d'animaux sont entassés dans des cages si petites qu'ils ne peuvent pas se retourner ou se tenir debout. Des millions d'autres subissent des mutilations épouvantables et de longs trajets en camion ou en bateau vers les abattoirs ou des centres d’engraissement.

À la base de tout cela : un système d’élevage brutal et déshumanisé qui n'a plus sa place dans nos sociétés. Nous devons passer à un monde où chaque animal est reconnu comme un être sensible, capable de ressentir de la joie, de la peur et de la douleur. »

Grâce au succès de la campagne de CIWF France contre les cages, lancée en 2018, la Commission européenne s’est engagée, l’année dernière, à les interdire. Cet engagement coïncide avec un examen complet des réglementations de l’UE concernant tous les aspects du bien-être des animaux d’élevage en vue de leur amélioration. Les propositions de nouvelles règles, attendues pour cet automne, pourraient interdire des pratiques aussi barbares que le gavage ou encore le transport sur de longues distances.

Mais pour que cette nouvelle législation aboutisse, il reste à persuader les principaux ministres européens de l'agriculture de la soutenir. Dans l'état actuel des choses, certains pays pivots, dont la France, l'Espagne, la Pologne et l'Italie, pourraient tenter de s’opposer à tout changement. Rien n’est perdu, rien n’est encore gagner ! »