Édito. 2027 : l’homme providentiel ne se décrète pas…

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Pour Philippe Buerch, les signes annonciateurs de 2027 sont déjà là, avec le début des spéculations sur les futurs candidats à la présidentielle :


« Ce second quinquennat semble de plus en plus empreint des traits du deuxième mandat de Jacques Chirac. Les parallèles sont saisissants. La Présidence semble être vouée à la paralysie, laissant le domaine exécutif au Gouvernement. Pour Jacques Chirac, cette léthargie avait débuté avec des défaites électorales cantonales et régionales, tandis que pour le Président actuel, cette hibernation a débuté rapidement dès l'obtention d'une majorité relative à l'Assemblée nationale le mois suivant l’élection présidentielle. Comme si une malédiction pesait sur les présidents de la République réélus depuis l'instauration de la limitation à deux mandats présidentiels. Comme si le gardien des horloges devenait invariablement l'esclave de la pendule législative, ajoutant ainsi l'imprévisibilité permanente à la solitude du pouvoir. 

Nous assistons donc à l’ouverture désormais de deux temps parallèles dans notre paysage politique national jusqu’en 2027. D’un coté celui du gouvernement de la France avec un Président de la République qui doit continuer d’essayer le temps de l’action pour faire de ce quinquennat celui de la réforme. Et un autre temps : celui de la succession. Un temps qui n’est pas sans rappeler celui que nous avons connu de 2004 à 2007. 

Bien que 2027 est encore loin, il est essentiel de réfléchir dès maintenant à l'élection présidentielle. Dans cette future élection, l’alliance de la forme et du fond sera un élément essentiel. La forme a cruellement manqué à la présidence actuelle, le nouveau monde ayant souvent des travers pires que l’ancien. Le fond avait en sus été totalement absent de la présidence normale précédente. 

Pour 2027, tout candidat issu de la majorité présidentielle devra réussir le pari de devenir le fils non aimé : celui qui est à la fois porteur d’un héritage et d’un bilan qui sera bon, tout en voulant se différencier du père pour apporter une nouvelle espérance. Mais tout cela dépendra en grande partie de la capacité de ce quinquennat à être réellement utile. Sans cela, nul ne pourra prétendre incarner la succession. Car le paysage politique a évolué depuis 2002, année où le Front National avait atteint le second tour de l'élection présidentielle. En 20 ans, le front républicain a perdu en puissance, un paramètre à considérer pour la future élection présidentielle. 

Espérons que les futurs concurrents éviteront d'attiser la division des forces de droite et le clivage de la Nation, à une époque où la montée en puissance des tendances conservatrices est observable à l'échelle mondiale dans toutes les démocraties. 

La situation délicate de notre pays rend tout candidat d’opposition qui se contente de belles paroles ou de grandes phrases également inapte : prendre de la hauteur ne doit pas empêcher d'écouter le quotidien des Français et marquer sa différence ne peut justifier de ne pas reconnaître les réformes de notre pays à des fins politiciennes. Revendiquer un statut électoral - Maire, Parlementaire ou Ministre - ne confère ni un label présidentiable ni une connaissance complète et authentique du pouls de notre nation, dans toute sa diversité. Le premier des Français ne peut être le représentant d’une caste. Cette aptitude au rassemblement impliquera nécessairement un dialogue avec les classes populaires et les personnes impactées par la fiscalité du travail, sans se revendiquer d’un clan ou d’une idéologie. 

Pour être un homme d’État, alors que l’État en tant que tel, n’a jamais autant été en crise, il faudra dire les choses clairement et utilement avec des réponses utiles et rassembleuses. Viser la simplicité sans sacrifier à la superficialité ou au simplisme. Cette situation politique inconfortable appelle chacun de nous à une responsabilité accrue, en commençant par ceux qui aspirent à diriger notre Nation. »