Le Noir et le Blanc d’Aliagas...

Catégorie Les Arts au soleil

Nikos Aliagas, personnalité populaire de l’audiovisuel français, se consacre depuis de longues années à la pratique photographique. Son travail souvenir autobiographique se déploie dans un parcours artistique sensible démontrant une grande maîtrise du noir et blanc.




En lien avec la manifestation de l’Armada de Rouen, le Département de la Seine-Maritime présentera une grande exposition monographique de Nikos Aliagas du 8 juin au 31 octobre à l’abbaye de Jumièges. Pour cette exposition, le photographe a conçu un projet dans lequel dialoguent toutes les images de son vocabulaire artistique : la Grèce et la Méditerranée mais aussi le Costa Rica, la France, les portraits, les paysages, les mains, les objets qui disent l’au-delà. 

Avec pour fil rouge la figure d’Ulysse, archétype du voyageur et du navigateur, l’exposition réunira une soixantaine d’œuvres dans le logis abbatial, ancien habitat du père abbé de l’abbaye. Intitulée le spleen d’Ulysse, elle explorera le mythe, toujours contemporain, du héros grec. 

« Ces images sont le fruit de plusieurs années de voyages et de quête, un carnet de correspondances à la fois imaginaire et réel. La nostalgie du voyageur ne capitule pas, elle suggère la pause en fuyant la pose. Le spleen d’Ulysse est un chant silencieux, nul besoin de comprendre la langue pour le comprendre. » explique l’artiste qui poursuit : « Le spleen d’Ulysse, c’est d’abord un regard furtif, un détail perdu dans le flux quotidien des images, un soupir à peine exhalé, un mot jamais prononcé mais entendu dans un silence suspendu. Le spleen d’Ulysse est aussi l’expression de l’absence d’un ailleurs, d’un retour impossible, d’un départ reporté, d’un sentiment latent et omniprésent, plus sournois que la mélancolie et plus pernicieux que l’intranquillité, un entre deux mondes à peine visible ou reconnaissable, qui renferme l’écho de notre finitude et peut-être même de notre solitude. Homère emploie un terme qui fait écho à la possibilité d’une réparation, le retour, le mal du pays. La promesse d’un retour chez soi, à soi, à la source originelle. Un exil, un déracinement permanent qui dépasse les frontières et les identités, un point de non-départ sur la ligne de fuite, une fausse arrivée dans un monde convenu, un faux plan dans le cadre, une image écornée dans un album de famille, un parchemin où des milliers de mots sont effacés. Qu’est-ce que le cerveau humain, sinon un palimpseste immense et naturel ? S’interrogeait Charles Baudelaire, dans Les Paradis artificiels. »