Cannes Festival. Un Jury présidé par un homme du Nord...

Le 28 février dernier, Ruben Östlund a été annoncé comme Président du Jury. Pour cette édition, qui succède à celle du 75e anniversaire, le Festival de Cannes souhaitait ainsi saluer l’arrivée d’une génération d’artistes qui réalisent, qui jouent, qui chantent, qui écrivent.



- de gauche à droite : Julia Ducournau © Stephane Cardinale - Corbis / Getty Images -
Damián Szifrón © Gabriel Machado - Rungano Nyoni © Gabriel Gauchet -
Paul Dano © Jay L. Clendenin / Getty Images - Ruben Östlund © Julien Lienard / Getty Images -
Denis Ménochet © Sabine Villiard - Brie Larson © Randy Holmes / Getty Images - Atiq Rahimi
© Frédéric Stucin - Maryam Touzani © Lorenzo Salemi -


Aux côtés d’un Président, déjà deux fois récompensé d’une Palme d’or, on retrouve la réalisatrice marocaine Maryam Touzani, l’acteur français Denis Ménochet, la scénariste et réalisatrice britanico-zambienne Rungano Nyoni, l’actrice et réalisatrice américaine Brie Larson, l’acteur américain Paul Dano, l’écrivain afghan Atiq Rahimi, le réalisateur argentin Damián Szifrón, ainsi que la réalisatrice française Julia Ducournau, qui remporta la récompense suprême en 2021.

Le Jury aura la tâche de décerner la Palme d’or à l’un des 21 films déjà annoncés en Compétition. Le palmarès sera révélé le 27 mai prochain lors de la cérémonie de Clôture, retransmise en direct par France Télévisions et par Brut. à l’international. Elle sera suivie par la projection, pour la dernière séance du Festival, de Élémentaire, le film d’animation de Peter Sohn.



- Ruben Östlund © Julien Lienard / Getty Images -


Après des études de cinéma à Göteborg, il réalise en 2004 son premier long métrage, The Guitar Mongoloid. À la lisière du documentaire, le cinéaste y décrit les destins croisés de personnages marginaux dans une cité fictive ressemblant à s’y méprendre à Göteborg. L’humour comme outil de description sociologique se manifeste déjà. 

Son court métrage suivant, Autobiographical Scene Number 6882, renferme tous les ingrédients de son œuvre à venir, qui s’affirment dans Happy Sweden, long métrage sélectionné au Certain Regard en 2008. Sa caméra se pose à bonne distance pour mieux observer les comportements humains : petites faiblesses et grands travers provoqués par les dynamiques de groupe sont alors disséqués jusqu’au malaise. Son troisième long métrage, Play, présenté à Cannes, à la Quinzaine des Réalisateurs en 2011, décrit le harcèlement entre différentes bandes de jeunes, et suscite un large débat de société en Suède lors de sa sortie. Dans Snow Therapy, présenté au Certain Regard en 2014, cette situation prend l’aspect d’une avalanche où un père préfère se mettre à l’abri plutôt que de sauver ses enfants et sa femme : comment assumer l’après, avec la mauvaise foi et la peur de perdre la face ? Telle est la problématique que le réalisateur étudie avec une acidité féroce. 

Ruben Östlund creuse ainsi le sillon d’une dialectique provocante qui fait sa signature : une situation initiale pose le cadre d’un examen sociologique où les bas instincts de notre humanité sont passés au crible d’un humour corrosif. En 2017, dans The Square, il met en fiction une expérience artistique qu’il a menée dans son pays natal. Le film vient brillamment discuter les frontières de l’espace public, de l’art et de notre part animale. Enfin, en 2022, Sans Filtre fait la chronique d’un bateau de croisière pris dans une tempête qui rebat, dans un grand charivari poussant à la nausée, les cartes de la lutte des classes dans nos sociétés occidentales.