Pesticides dans l'arboriculture : la France ne donne pas l’exemple…

Dans l’hexagone, on utilise 3,44 kg de pesticides par hectare de terres cultivées. Plus que l’Espagne, qui n’en consomme que 2,6 kg/ha. Bien moins cependant que le bonnet d’âne qu’ait la Hollande qui en épand 10,82 kg/ha… Donc à éviter !



- jardins ouvriers...


Mais on peut et on se doit de faire mieux pour protéger les sols, la biodiversité et la santé des consommateurs. L’initiative du ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, semble pourtant se situer à contre courant de cette nécessité. Ainsi, il a demandé aux agents de l’Office français de la biodiversité de ne pas contrôler les périodes de pulvérisation de pesticides effectués par les arboriculteurs. Ces périodes sont pourtant définies par la réglementation et indispensables pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs en période de floraison. France Nature Environnement et Générations Futures ont saisi la justice pour rappeler que nul n’est au-dessus des lois : la police de l’environnement et les magistrats doivent pouvoir faire leur travail. 

Cela a d’autant plus d’importance, que notre sécurité alimentaire est intimement liée à l’état de la biodiversité des insectes pollinisateurs comme les abeilles. Ceux-ci jouent en effet un rôle majeur aussi bien dans la reproduction des plantes sauvages que pour la production agricole. Un service de pollinisation gratuit chiffré entre 2,3 et 5,3 milliards d’euros de valeur marchande par an en France.  Pommes, poires, courgettes, colza, tournesol... 35 % de ce que nous mangeons dépend de la pollinisation par les insectes.  

Or, il faut bien le constater, la biodiversité s’effondre. Depuis plusieurs décennies, de nombreux travaux scientifiques menés dans des écosystèmes variés montrent des baisses très importantes et durables des populations d’insectes, voire des extinctions d’espèces. Une espèce sur 10 d’abeille et de papillon est menacée d’extinction selon l’UICN. Et parmi les quatre causes principales de cette dégradation figure l’impact des pesticides. Une situation d’autant plus alarmante que d’après l’Autorité européenne de sécurité des aliments les lacunes des pratiques réglementaires ont conduit depuis des années à une sous-évaluation de l'exposition des abeilles aux pesticides. La protection des pollinisateurs est encore bien loin d’être suffisante.  

Plutôt que d’accepter la réglementation mise en place pour protéger sur le long terme une biodiversité à risque, la filière arboricole semble préfère le court terme et continue son « business » tout en faisant peser les coûts d’un usage problématique des pesticides sur la société dans son ensemble.