Paris. Joel Meyerowitz maître de la street photography...
La galerie Polka donne son espace au photographe américain du 26 mai au 29 juillet.
Pour cette nouvelle exposition à la galerie Polka, Joel Meyerowitz propose un panorama de ses plus belles images, en grand format, et ponctué de photographies inédites. Vingt trois tirages qui nous plongent dans le monde en couleur du photographe américain. De la street photography aux images plus contemplatives de Between the Dog and the Wolf ou encore Cape Light, l’exposition retrace soixante ans de carrière.
Valoriser le quotidien fait partie de la démarche artistique du photographe. Il observe, compose, semble jouer avec la rampe d’une plateforme de plongée, la douceur d’une soirée d’été, ou un restaurant sur le bord d’une route pour créer une scène captivante.
Né en 1938, Meyerowitz a grandi dans le Bronx, il étudie la peinture et l'histoire de l’art avant de devenir directeur artistique dans une agence de publicité. En 1962, lors d’un shooting, il observe le grand photographe Robert Frank, fasciné par son approche. C’est le déclic : « Je ne savais pas qu’on pouvait bouger à ce point et photographier en même temps. » Le soir même il démissionne et devient photographe.
De la street photography à la photographie quasi méditative, en passant par la mise en scène de natures mortes, sa carrière est devenue un cas d’école. A l’image d’Egglestone et de Shore, Joel Meyerowitz prend rapidement le risque de la couleur et assume ce nouveau langage qu’offre la pellicule Kodachrome : « J’ai choisi la couleur car la vie est en couleurs ». Quand le noir et blanc réduisait les images à quelques nuances de gris, la couleur le conduit à jouer avec les harmonies chromatiques. Et c’est ainsi qu’il réussit à transformer ses compositions en des tableaux méditatifs.
Toujours à contre-courant de son époque, il abandonne la pellicule 35 mm, pourtant chérie par ses confrères de la street photography. Il décide de passer à la chambre photographique, une Deardoff 8x10 en bois, acquise en 1976 pour fixer la lumière et dessiner avec elle. Sa carrière prend un nouveau chemin. La taille du film et du capteur va ainsi lui permettre des agrandissements plus importants. Et le jeu des détails de ses images en sera encore plus subtil.
Dès lors, la patience et la contrainte que lui imposent ce grand format lui permettent de mieux capturer la lumière qui baigne dans les rues de Manhattan et de fixer les teintes nuancées du crépuscule nord américain. Panorama est l’exposition d’un poète visionnaire qui écrit avec son appareil photo. La photographie ne veut elle pas dire « Écrire avec la lumière » ? Joel Meyerowitz en maîtrise magistralement l’alphabet.
L’exposition est une occasion unique de découvrir son œuvre célébrant la richesse de la couleur dont il a révélé tout le potentiel sous un angle inédit et dans un format XXL. À partir de novembre 2023, le street photographer prendra par ailleurs ses quartiers à la Tate Modern de Londres, présentant des diptyques noir et blanc et couleurs réalisés de 1963 à 2001.