Cap d'Antibes. Le passé ressuscité de la Belle Époque…
Que ce soit son bar, son restaurant, sa réception, ses chambres, sa terrasse, sa plge, l’Hôtel Belles-Rives de Juan-les-Pins, fait rêver les nostalgiques des années 30. L’Art Deco y est alors à son apogée, le jazz est partout. On est presque surpris de ne pas croiser dans le hall Joséphine Baker, Arletty et bien entendu, F. Scott Fitzgerald et Zelda ; Henri Hemingway aurait adoré le bar.
- le Bar Fitzgerald, membre du cercle très fermé
des Cafés Historiques et Patrimoniaux d'Europe -
Véritable joyau de la Côte d’Azur, l’Hôtel Belles-Rives a l’allure d’un paquebot des années 30 surplombant la mer Méditerranée et les îles de Lérins. Il offre une vue panoramique, inoubliable à l’heure du coucher du soleil… Pour l’architecte d’intérieur Olivier Antoine - également à l’origine de la rénovation du lobby et du restaurant La Passagère de l’hôtel : « L’histoire et l’actualité du Belles Rives sont intimement liées, dans ce haut lieu de pèlerinage, unique étape au Cap d’Antibes pour un voyage dans le temps au cœur de la période Art Déco. »
Au rendez-vous des pièces restaurées, chinées ou encore conçues sur mesure (des abat-jour avec des galons à frange ou une paire de vases balustre en faïence émaillée bleu égyptien), le comptoir du Bar aux lignes arrondies resplendit d’un marbre noir, les parquets de chêne et les fenêtres restent ceux d’origine, les lustres à pampilles et les luminaires d’époque éblouissent de par leur taille imposante, tandis que la fresque d’autrefois rafraîchie de ses couleurs natives s’expose en carte onirique de la French Riviera et que les étoffes des fauteuils bridge fusionnent esthétique Montauk et culture moderniste : « il faut que tout change pour que rien ne change ».
« Quelques codes Art Déco 1930 et c’est tout » précise le décorateur : « teintes claires et solaires, en finition poudrée pour les murs et en bleu glacier pour les piliers, essences de bois teintées au naturel pour les sols et les boiseries, laque Ebony et barres en cuivre pour le mobilier. Toute la lustrerie a été démontée et restaurée; sont rapportées deux colonnes en quartz rétroéclairées pour supporter deux vases du patrimoine familial en dinanderie rouge et des suspensions au-dessus du comptoir bar en verre de Murano poudré d’or ».
Au fumoir, ancien salon de musique des Fitzgerald qui y avaient importé des États-Unis le premier Gramophone de la région, objet de curiosité aux yeux de tout le voisinage, s’exposent les photographies du jury et des lauréats récompensés par le Prix Fitzgerald - à l’instar de Bertrand de Saint-Vincent, Frédéric Beigbeder ou Jay McInerney et Julia Pierpont - évènement littéraire créé par Marianne Estène Chauvin, la propriétaire et actuelle muse des lieux.
Également sous le regard des plus célèbres clients de l’établissement, dont les portraits sont exposés au sein même du Bar comme Pablo Picasso, Jean Cocteau, Joséphine Baker, Woody Allen, Catherine Deneuve ou Johnny Hallyday… Nous y avions croisé Charlebois et sa femme venus en voisins. Ce lieu à jamais mythique qui fait peau neuve est une institution incontournable. Tout est bon et régressif dans le Tea Time digne des plus beaux palaces parisiens. On y embrasse côté table une véritable pépite culinaire qui fait cohabiter sans chichis savoir-faire instinctif, produits du terroir français et recettes fétiches dans un style de loin moins formel que le restaurant gastronomique.
Que dire du décor épuré de la terrasse aux tons immaculés et azurs où quelques oliviers et bosquets, mettant en exergue la vue ravageuse et font de cette crique du Cap d’Antibes un véritable éden. En soirée les places à l’extérieur et le comptoir ont leurs habitués. Au son des mélodies jazzy, c’est la nostalgie qui prend le dessus...