Édito. Apprendre à penser…
Guy Bezzina nous livre en toute simplicité une réflexion digne d’attention.
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« A écouter se qui se dit, ce qui se lit et ce qui s’entend, on est souvent étonné de l’incohérence de propos souvent dictés par des a priori ou des émotions qui polluent le raisonnement. Les jugements de nombre de ceux qui s’expriment, souvent de façon péremptoire, ne manifestent que les effluves de la colère ou de la haine ou de la passion loin de la justesse d’un raisonnement rigoureux.
Rien ne peut sortir de bon des tenants d’un parti adverse ; tout ce qui vient de ceux qui nous sont proches est a priori crédible et sans défaut. Les réflexions qui nous sont soumises sont moins des raisonnements que des prises de parti. L’argument le plus commun consiste à discréditer un auteur sans analyser ses propos. L’annonce qu’il est de droite, de gauche, communiste ou catho, professeur agrégé, philosophe ou charbonnier préjuge déjà ce qu’il va dire de façon négative ou positive.
Le mal le plus insidieux et le plus pernicieux n’est pas dans l’ignorance du savoir mais dans l’incapacité de réfléchir objectivement et de bien raisonner. Or, le « bien penser » ne dépend pas de la culture, ni de l’intelligence mais de l’aptitude à se libérer de sa subjectivité, de ses passions, de son parti pris pour soumettre un fait ou une idée à la seule analyse de sa raison.
Les discussions publiques d’hommes politiques sont fréquemment entachées d’une malhonnêteté intellectuelle dans la volonté de s’arroger toutes les vertus et de ne reconnaître que des erreurs ou des fautes chez les adversaires.
Bien penser, c’est accepter de ne choisir que ce que la raison aura reçu pour vrai ou logique ou cohérent. C’est là le signe d’une vraie liberté car il convient de se défaire d’un environnement social, affectif, historique parfois, pour privilégier ce qui est juste, vrai ou bon, au risque de se trouver en contradiction avec ses certitudes.
Mais pour bien penser, il faut aussi une grande humilité, c'est-à-dire un dépouillement intérieur pour admettre qu’une différence peut l’emporter sur ses préférences et que la vérité exige parfois le renoncement de confortables certitudes… »