L’industrie textile. Le effets indécents de la Mondialisation…

Dix ans après l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, la mode exploite toujours ses travailleuses. Il semble que nous avons gommé de notre mémoire les 1200 morts de cette catastrophe quasi prévisible. Quant aux acteurs de cette industrie, une des plus polluantes du monde, il n’en ont tiré que bien peu de leçons.




Il y a dix ans, à Dacca au Bangladesh, s’effondrait le Rana Plaza, bâtiment qui hébergeait des centaines d’usines textiles. Le bilan est effarant - plus de 1200 morts, le double de blessés - et au milieu des décombres, les noms sur les étiquettes nous sont familiers : Auchan, Carrefour, H&M, Primark… Malgré cet événement dramatique, les ouvrières sont plus que jamais exploitées. La crise liée à l’épidémie de Covid-19 a accentué le phénomène. Or la loi française sur le devoir de vigilance, les entreprises peuvent et doivent désormais être tenues responsables pour les atteintes aux droits humains et environnementaux liées à leurs activités.

Dans l’industrie du textile, les multinationales engrangent des milliards sur le dos des ouvriers, qui, en bout de chaîne, se voient confisquer jusqu’à leurs vies pour habiller le monde entier. Les catastrophes se se répètent mais les conditions de travail restent peu ou prou les mêmes : des salaires indignes, largement en deçà du minimum vital, des cadences intenables, des objectifs de production irréalistes, et des droits sociaux souvent inexistants, le tout exposés à des produits chimiques toxiques et des machines dangereuses. La mode n’a que faire de ses ouvrières. Car sans surprise, ce sont des femmes reléguées à ces postes subalternes, sous la responsabilité de contremaîtres, majoritairement masculins. Rendues vulnérables par leur statut de femme, par la pression des marques et l’exploitation généralisée, nombreuses rapportent un quotidien rythmé par les violences de genre à l’usine. Dans la course effrénée aux profits, les multinationales ferment les yeux.

Ainsi, l’industrie de la mode semble s’enliser dans une dynamique toujours plus désastreuse pour les individus et la planète. Aux H&M et Zara qui semblaient être l’apogée d’une mode destructrice, succèdent aujourd'hui les acteurs de l’ultra fast-fashion, poussant le système à son paroxysme. Lorsque les Primark ou Shein de ce monde grignotent toujours plus de parts de marché, les enseignes de textile français s’écroulent les unes après les autres et certains pays d’Afrique étouffent sous les fumées des déchets textiles. 

Et c’est la quantité qui pose ici problème : 3 milliards de vêtements mis en marché en France chaque année, soit 44 par habitant. Près de 10 fois plus que les trajectoires recommandées pour respecter l’Accord de Paris. Aucun système ne peut être viable pour la planète et les populations dès lors qu’il est soumis à un telle injonction de production.

Par  ailleurs, si le recyclage et le réemploi sont utiles, à eux seuls, ils sont devenus la caution greenwashing d’une industrie cherchant à maintenir ses niveaux de production. Il faut savoir qu’aujourd’hui, seulement 1 % du textile peut  être réellement recyclé et bien que les capacités de réemploi et réparation augmentent, elles demeurent dérisoires face à la quantité de vêtements mis su le marché. L’économie circulaire a ses limites et elles sont vite atteintes.

En mai sera voté par le Parlement Européen le projet de directive européenne sur le devoir de vigilance des multinationales. Depuis le début des négociations, une large partie de sa substance a été vidée, laissant un boulevard aux multinationales pour continuer d’exploiter ouvriers et travailleurs dans l’impunité la plus totale. Les eurodéputés peuvent maintenant choisir d’inscrire dans cette loi de véritables avancées pour les droits humains – et notamment sur les droits des femmes et environnementaux.