Dérèglement climatique : la fin de l'eau facile...

Depuis moins d'un siècle, en Occident, l'eau est à la disposition de tous et elle n'est pas chère. Il suffit d'ouvrir le robinet et elle est là, claire, potable abondante. C'est la même que l'on va utiliser pour boire, se laver, refroidir les centrales atomiques, nettoyer nos rues et nos voitures. Ce temps-la est désormais en sursis.




Les effets du dérèglement climatique, déjà amorcés depuis quelques années marquent un tournant sur nos ressources en eau. En France, des phénomènes extrêmes comme les sécheresses, les canicules, les tempêtes et les inondations s’amplifient, ces dernières années. Le climat change, les températures augmentent, et  la disponibilité de l’eau se réduit. L’exceptionnel devient la norme et il devient essentiel de nous adapter et… vite.

Jusqu’alors, en France, la rareté de l’eau était un sujet volontiers lointain. Il s’invite désormais dans notre quotidien ; 2023 marque un vrai tournant. Nous avions vécu l’été 2022 avec une forme de sidération. Une sécheresse record depuis des décennies ; des épisodes de sécheresse en cascade ; des médias qui évoquent en boucle le sujet du manque d’eau ; la quasi-totalité des départements Français soumis à des mesures de restrictions temporaires, et des dizaines de communes dont l’approvisionnement en eau potable n’était plus totalement assuré ont dû faire face… Difficile de faire l’impasse et nécessité de prendre conscience, collectivement et individuellement de la gravité de la situation. 

En effet, ce qui aurait pu ne rester qu’un mauvais souvenir a perduré. L’hiver 2023, plus doux et surtout plus sec, a creusé le déficit hydrique. Il n’est pas tombé suffisamment de pluie au moment où les nappes devraient se recharger pour constituer leur réserve, entre septembre et mars. La France a vécu une nouvelle période de sécheresse, sans précédent, en plein hiver. Les autorités ont dû prendre de nouvelles restrictions d’eau, aussi strictes qu’en été, sur plus d’une vingtaine de départements dont les Alpes-Maritimes. À noter que pour certains d’entre eux, les restrictions de l’été se sont prolongées. Du jamais vu en hiver. 

La tentative de régler le problème de approvisionnement en eau des agriculteurs par la création de « bassines », a débouché sur la violence la plus extrême. Il est vrai, que ce choix est fort contestable. Puiser dans les nappes phréatiques qui ont de plus en plus de difficultés se remplir naturellement, pour approvisionner des cuvettes à l’air libre et donc soumis à une intense évaporation, semble conduire à une impasse… 

Il n’y a sans doute pas de solution miracle et il va falloir en premier lieu optimiser les ressources en eau et réguler son utilisation en déterminant les priorités. Un impératif d'adaptation qui doit être intégré par les professionnels de l'eau, par les autorités politiques et administratives, par les chefs d’entreprise et pas les citoyens lambda.