Le Cannet. La femme de Pierre Bonnard, muse et artiste…

Présente dans près de 400 peintures et plus de 1000 dessins, la propre démarche artistique de Marthe est passée quasiment inaperçue.



- Marthe Solange, Coupe de fruits sur la chaise rouge,
Collection particulière © musée Bonnard / Yves Inchiermann -


L’histoire raconte que Pierre Bonnard rencontre à Paris une jeune femme qui travaille chez Trousselier, célèbre maison de fleurs artificielles et se fait appeler Marthe de Méligny. De son vrai nom, Maria Boursin, elle est née à Saint-Amand-Montrond dans une modeste famille de menuisier ; Bonnard le découvrira 30 ans plus tard. Jusqu’en janvier 1942, date de son décès, Marthe formera avec Pierre Bonnard, qui l’épouse en 1925, un couple fusionnel.

Il apparaît que l’histoire de l’art ait fait l’impasse sur Marthe qui signe Marthe Solange, dessinatrice et peintre. Pierre Bonnard l’encourage et demande à son amie Louise Hervieu, d’être son professeur. C’est elle qui révèle les dons de Marthe  qui bientôt se consacre entièrement au dessin et à la technique du pastel. Par cette technique exigeante, elle se démarque de Pierre qui la pratiquera très peu à l’exception de ses années nabies.

À l’occasion de la présentation exceptionnelle par le musée Bonnard d’une quarantaine de pastels parfois rehaussés de gouache provenant d’une collection particulière, la personnalité de Marthe nous apparaît sous un autre jour, elle n’est plus seulement la muse de Bonnard ; son œuvre éclair retrace l’alliance subtile entre dessin et couleur. Ses pastels à la fois mats et lumineux, constituent une œuvre à part entière, originale et inattendue.

Marthe créée ainsi des natures mortes harmonieuses aux nuances subtiles de couleurs, avec une parfaite association des tons. Elle nous montre ce que l’on voit sans y faire attention. Ses œuvres n’affichent aucune prétention picturale, seule la puissance de la composition et de la couleur dit combien Marthe réussit à nous émouvoir. Sa joie devant la nature, sa fraîcheur d’impression s’expriment aussi dans la puissance colorée de ses paysages, essentiellement marins. Ses compositions dynamiques révèlent la stabilité de ses émotions devant une nature brassée par le mistral. Le spectateur retrouve, comme chez Bonnard, les paysages du quotidien, l’émerveillement devant la beauté de ses éléments.

L’exposition qui se tiendra au Musée Bonnard au Le Cannet (niveau 5), se tiendra du 11 mars au 11 juin, rend hommage à la fraîcheur d’expression des pastels de Marthe Solangen « qui donnent de la joie à qui les regarde ». Sa vision originale lui a valu un certain succès dès sa première et unique exposition personnelle en 1924 ; ce succès est toutefois éphémère puisque l’œuvre de Marthe restera ensuite dans la sphère privée ce qui la rend d’autant plus émouvante aujourd’hui.

  • L’exposition « 11 ans de collection », sera elle toujours visible (niveaux 3 et 4 du Musée).


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Côte d’Azur
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