La production de jambon recèle un secret de fabrication dont on se serait bien passé : la souffrance des cochons. Qu’il s’agisse de produits « haut de gamme » comme par exemple le jambon de Bayonne en France, ou « standard » comme ceux que vous trouvez en supermarché aux prix les plus bas, partout en Europe, les conditions d’élevage induisent les mêmes cruautés.

Lorsqu’il s’agit de promouvoir leurs produits, les fabricants de jambon les plus fameux sont des plus enflammés : il s’agit d’un produit “premium”, fabriqué artisanalement, avec amour et passion dans le respect de traditions séculaires... Ce qu’ils ne vous disent pas, c’est que l'écrasante majorité des cochons élevés pour faire du jambon, fussent-ils “premium”, sont élevés de façon intensive et endurent d’atroces souffrances durant toute leur courte vie.

Les truies passent près de la moitié de leur vie d’adulte dans une cage en métal. Une semaine après avoir mis bas, la truie est confinée dans une cage si petite qu’elle ne peut même pas se retourner. Après la naissance de ses porcelets, elle reste emprisonnée dans cette cage étroite et sordide, au sol nu, gisant souvent dans ses propres excréments. Cet enfer durera quatre longues semaines, le temps que ses porcelets grandissent. Une fois ses petits sevrés, elle sera à nouveau inséminée.

À l'heure actuelle, seuls le label bio, les labels rouges “fermier”, “plein air” et “porc sur paille” ainsi que certaines AOP et IGP (Porc noir de Bigorre, Porc d’Auvergne, Porc de Normandie, Porc de Vendée, Porc Blanc de l’Ouest) garantissent au consommateur un jambon issu d’un animal élevé dans le respect du bien-être animal.

Aucune autre mention ne prend en compte actuellement le mode d’élevage des cochons. L’image idyllique que renvoient les publicités et emballages sur les jambons haut de gamme ne tient en réalité aucun compte des conditions de vie des animaux.

Le véritable coût de ce produit ? La souffrance imposée au quotidien à des animaux parqués dans des élevages intensifs. Des animaux à l'intelligence remarquable, sensibles et capables de ressentir toute une palette d'émotions, de la joie, de l'ennui, de la peur ou de l'angoisse... Comment peut-on alors tolérer que des centaines de milliers de truies passent une si grande partie de leur vie enfermée ?

Les fabricants qui profitent de ce commerce inique doivent prendre leurs responsabilités et faire cesser cet enfer immédiatement : ils en ont le pouvoir. Les politiques sont là pour édicter des règles et faciliter leur application, mais c’est bien sur le terrain que les éleveurs changeront la donne.

Yvan Savy
Directeur CIWF France