La protection des dauphins revue à la baisse...

Pour France Nature Environnement, le Secrétariat à la Mer n’a pas, sur ce dossier, tenu compte de l’avis des citoyens. Détails :


- ni sa beauté ni son intelligence ne le protègent... de nous -

« Le Secrétariat d’État à la Mer a communiqué les conclusions de l’enquête publique sur le projet de décret visant à protéger les dauphins et autres cétacés menacés d’extinction dans le Golfe de Gascogne et les modifications apportées à ce décret. On a du mal à croire à ce qu’on y lit. Dans un français approximatif, le Secrétariat à la Mer s’assoit tranquillement sur les avis de milliers de citoyens et citoyennes, et aggrave même les dispositions du décret, qui était déjà très en deçà des demandes des scientifiques. Ce serait parodique, on trouverait cela trop gros. C’est pourtant un document officiel. On y apprend que 4 avis sont favorables au projet de décret présenté contre 17464 avis défavorables. Et devinez qui gagne : la minorité...

Plus précisément, plus de 10 000 avis demandent soit explicitement soit implicitement l’application du scénario N du CIEM (Centre Internationale d’Exploration Marine), l’organisme scientifique international de référence, soit 3 mois de fermeture des pêcheries l’hiver, un mois l’été.  C’était aussi la demande du Conseil d’État. Le décret maintient une fermeture limitée à 30 jours l’hiver, soit les scénario E et I du CIEM en indiquant que « ces scénarios présentent le meilleure taux d’efficacité dans l’avis du CIEM du 2023 ». Sauf que… le « taux d’efficacité du CIEM » ne mesure pas l’efficacité à réduire la mortalité des dauphins et des cétacés ! Il mesure l’effet sur la mortalité par rapport à l’impact sur l’activité économique. Autrement dit, moins les mesures ont d’impact sur l’activité économique, plus le « taux d’efficacité » sera élevé. Or, si on s’intéresse aux mortalités de dauphins, les scénario E et I retenus par le gouvernement permettraient de réduire la mortalité de 17% et 11% seulement. Le scenario N de 44%. La différence est énorme. S’appuyer sur le « taux d’efficacité » des mesures du CIEM pour justifier le choix du scénario E relève soit de l’incompétence des services de l’État, qui ne savent pas lire un rapport, soit de la mauvaise foi.

Plus loin dans le rapport, on peut lire : « De nombreux avis demandent que les navires équipés en caméras soient également soumis à fermeture, au titre que les caméras ne permettent pas de réduire les captures accidentelles. […] Ces avis ne sauraient déboucher sur une modification de l’arrêté. Il est important de collecter de la donnée sur l’ensemble de l’année afin de mieux connaître les interactions à l’origine des captures accidentelles et évaluer l’efficacité de ces dispositifs. Une fermeture totale ne permettrait pas cette collecte de données. » Comprenne qui pourra !

Alors que les citoyens demandent une extension géographique des zones de fermeture…  C’est l’inverse qui a été décidé en sortant l’estuaire de la Gironde de la zone. Des milliers d’avis demandaient aussi une réduction des très nombreuses exceptions aux interdictions de pêcher. Elles sont étendues, en permettant notamment aux bateaux dont les dispositifs acoustiques et les caméras seraient en panne de reprendre la mer et la pêche malgré tout. »

Pour Antoine Gatet, président de France Nature Environnement, les choses sont claires : « On peut néanmoins reconnaître à cette administration une forme de cohérence : elle se moque de l’avis des scientifiques, elle se moque de la décision du Conseil d’État, et maintenant elle se moque de l’avis des citoyens et citoyennes. En cohérence, FNE continue son combat devant la justice car la loi impose de ne pas se moquer de ces trois éléments fondamentaux de la démocratie environnementale. »

  • Le massacre des dauphins a encore de beaux jours devant lui.