Jacques Couëlle : architecte oublié…

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Alors que nombre de ses confrères se sont fait remarquer par leur absence d’originalité et, sur la Côte d’Azur, par des choix catastrophiques en matière d’urbanisme urbain, Jacques Couëlle a marqué son passage par ses réalisations à Théoule-sur-mer et Mougins / Mouans-Sartoux.




Pourtant cet architecte, marqué par son intérêt pour l’archéologie et les jardins, a eu une carrière bien remplie, notamment à l’international. Au Sénégal, où le président Senghor lui demande de plancher sur des aménagements sur l’île de Gorée, tandis que l’Aga Khan lui commande une « maison géobiologique » en Sardaigne. Plus localement, il restaure le château de Beaumont à Valbonne, le jardin de la Princesse Charlotte à Monaco, laisse sa touche à la Combe d’Or de Saint-Paul de Vence, le Parc du Méridien à sainte Maxime… Mais ce sont ses 86 maisons troglodytes construites à Catellaras qui le mettront sur le devant de la scène et, plus connues encore, son travail à Port la Galère, à Théoule-sur-mer. 




Ce Marseillais, mort à Paris en 1996 à l’âge de 93 ans a vu passé beaucoup d’eau sous les ponts. René Ceni, journaliste de Nice-Matin qui l’a bien connu lui donne la parole : « J’ai été le premier à me préoccuper d’écologie : mes concepts, maison paysages, maisons intimistes, habitations flottantes, en découlent. L’architecture, ce doit être comme l’élégance, invisible. » A 86 ans, il a encore des projets comme celui de bâtir son premier immeuble à Moscou : « J’ai projeté un immeuble de 40 étages où chaque occupant aurait l’impression de vivre dans une maison particulière... »




Nous avons eu l’occasion dans les années soixante de visiter ses toutes premières réalisations dans le village des milliardaires, sis à Valbonne autour du Château de Castellaras, site où se sont déroulés des scènes de Fanfan la Tulipe avec Gérard Philippe, en 1951. Puis, en 1966, ses maisons en béton sculpté  de Port La Galère. Certaines d’entre elles, parmi les premières sont de petits chefs-d’œuvre qui ont résisté aux temps et aux modes. André De Bloos (créateur de la marque De Blausse à Cannes et Saint Tropez) en posséda une, à flan de falaise particulièrement spectaculaire.




Jacques Couëlle inspira l’architecte Antti Lovag, son élève aux rapports conflictuels, qui dessina en 1975 « Le Palais Bulles » de Pierre Cardin. Un bel héritage et ce dans un contexte où le littoral méditerranéen n’a guère été épargné par une urbanisation chaotique où l’architecture en tant qu’art n’a pas eu la part du roi...