Paris. « La terre de l’intérieur »au Drawing Lab ...
Une exposition des œuvres du Colombien Daniel Otero Torres. Elle fait réfèence à un hypogée, tombeau composé de chambres funéraires dont chacune est dotée d’une signification. Accompagnant la descente d’escaliers, des chiens accueillent les visiteurs. Références aux chiens errant partout en Amérique Latine, ils sont ici à la fois des gardiens, des guides et des chiens sans maître.
À gauche : Chiens sans maître (III), 2019, céramique
À droite : El Graduado, 2019, Crayon sur inox poli-miroir, acier © Daniel Otero Torres
Anaïs Lepage, commissaire de l’exposition, historienne de l’art et autrice… explique :
Tierradentro, en français « la terre de l’intérieur », est le nom d’un site archéologique situé dans une zone montagneuse et escarpée de la vallée du Cauca en Colombie sur la côte Pacifique. Célèbre pour ses tombeaux dissimulés et ses sculptures monolithiques monumentales, il abrite les vestiges de la culture précolombienne du même nom. S’inspirant de l’architecture et de l’emplacement du Drawing Lab, Daniel Otero Torres conçoit une exposition reprenant les espaces d’un tombeau souterrain.
Intégrant l’architecture aux accents brutalistes du bâtiment dans son dispositif - comme il le fait d’usage dans ces dessins - il crée un tombeau des luttes oubliées. Il réactualise des savoirs et des légendes de diverses régions d’Amérique Latine et imagine des correspondances avec des cultures archaïques du bassin méditerranéen ; ou encore entremêle des mythologies polythéistes avec des expériences et des évènements contemporains. À travers des photographies et des dessins déployés sur différents supports, l’exposition explore les thèmes du voyage entre les mondes, des liens entre sacré et profane, entre formes vernaculaires et légendaires, entre histoire intime et récits collectifs.
La pratique du dessin de Daniel Otero Torres est celle de l’emprunt, de la fragmentation, de la collusion et du détail. Le dessin n’intervient pas à la genèse d’une idée mais en est l’aboutissement : celui-ci est le résultat d’un processus de récolte de photographies d’archives, médiatiques ou personnelles, associées ensuite en des compositions hétéroclites. Le dessin opère la transposition de la nouvelle image sur divers supports parfois monumentaux - papier, inox ou aluminium, céramique. Fruits d’un assemblage proche du collage, les dessins de Daniel Otero Torres se distinguent par un puissant savoir-faire graphique, l’importance du geste et un souci du détail minutieux. La mise à nu des supports et du procédé de copie, le travail sur l’échelle et la dimension sculpturale du dessin produisent un brouillage de la position du regardeur et du regardé, autant qu’ils révèlent l’artificialité des images et des représentations….