Tourisme : repenser la donne…

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Catégorie Les paradoxales

J'aime de ce pays les secrètes images,
De l'humble citoyen les subtiles raisons,
Les rêves enfouis dans le creux des villages,
Les signes qui font voir le retour des saisons...

Le poème de Fernand Dartigues : France, eut pu servir d’introduction au récent éditorial de Philippe Buerch sur l’avenir du Tourisme et la nécessité de changer de paradigme. 



- Gréolières, photo AD -


« J’aime mon pays, mon arrière-pays, nos territoires avec leurs particularités, leur singularité et leur volonté de partager leurs spécificités et traditions. Si cette pandémie aura permis à certains de nos compatriotes de découvrir les trésors de nos territoires, et de constater qu’il n’est nul besoin de passeport pour découvrir des paysages à couper le souffle, malheureusement, le secteur du tourisme est une des premières victimes de la crise sanitaire. Ainsi, le bilan de l’année 2020 fait apparaître une forte baisse d’activité, à l’échelle mondiale comme européenne et hexagonale.

Nous assistons incontestablement à la crise la plus grave de l’histoire du tourisme. Le gouvernement a mis en place un plan d’aides sans précédent permettant de pallier aux pertes financières, en dépit du soutien financier de nos régions et départements. Mais cette difficulté inattendue a mis en exergue l’impérieuse nécessité de réinventer le tourisme. Si cette action a permis à l’activité touristique de redémarrer cet été, elle a également mis en lumière l’impossibilité de standardiser le tourisme sur un modèle unique ; les fortes disparités, selon les territoires laissent à penser que plus que jamais, nous devons repenser notre mode de développement touristique, en tenant compte des particularités de chaque territoire, tant en ce qui concerne les offres que de politique globale touristique. Plus que jamais, l’opposition entre le tourisme des villes et celui des champs a creusé les inégalités. L’urbanisation excluant le tourisme du grand air, nos grandes villes ont financièrement souffert, privées de leur attractivité culturelle.

Cette crise est une opportunité pour réinventer nos espaces et écarter le tourisme de masse voué à l’échec. Nous devons nous orienter vers une approche qualitative, respectueuse des environnements naturels, d’une dimension humaine et plus authentique, tout en dynamisant nos territoires. Il s’agira de réinventer un champ nouveau d’activités culturelles, afin d’attirer une clientèle plus large soucieuse de respecter les grands espaces et en même temps curieuse de la richesse de notre vie culturelle.Il y aura lieu de construire un équilibre solide entre attractivité et durabilité des territoires et d’offrir aux visiteurs un panel plus large répondant à un besoin nouveau d’activités variées.Faire émerger une diversité dans l’offre, tel est le défi de demain, nous permettant ainsi de répondre à des situations, des contextes et des aspirations différents. Dans ce cadre, nous devons replacer l’humain au centre des préoccupations, en développant « l’agrico-tourisme », en inscrivant les traditions locales dans une activité polyvalente d’accueil, de commerce et de transmission culturel.

Ces orientations doivent s’inscrire dans un plan global, régional contribuant à l’attractivité de nos territoires et à leur essor par le biais d’un tourisme polymorphe, humain et raisonné. Jamais nous n’avons autant eu besoin de nous ressourcer et de nous reconnecter les uns aux autres sur des valeurs essentielles de proximité et de partages de nos valeurs, identités et traditions. Ainsi, le tourisme de masse, la mondialisation de la moindre parcelle d’espace-temps et mètre carré a prouvé sa limite et sa toxicité sur l’humain qui veut se retrouver. »

Philippe Buerch



- Roubion, photo AD -