Hôtellerie : à l’heure du bilan...
Tout au long de l’année 2020, l’hôtellerie française a enregistré des niveaux d’activité très variables, avec des fluctuations qui ont logiquement suivi l’évolution de l’épidémie de la COVID-19 et de l’entrée en vigueur des mesures sanitaires prises par le gouvernement. MG consulting donne quelques indications sur la situation. Extraits :
- Le Carlton intercontinental à l’arrêt en 2021...
Si les dynamiques ont parfois brutalement changé d’un jour à l’autre, sur l’année complète différentes phases majeures se détachent :
- Le secteur avait démarré l’exercice 2020 sur une bonne dynamique, avec un Revenu par chambre disponible toujours en croissance et un taux d’ouverture ainsi qu’un prix moyen stable. L’activité profitait encore des retombées d’une année 2019 faste pour l’hôtellerie en termes d’activité, de résultats financiers et d’investissements.
- Puis a débuté une phase d’arrêt brutal de l’industrie, survenue à la suite de l’annonce du premier confinement à l’échelle nationale le 16 mars. L’effet est immédiat puisque le taux d’ouverture des hôtels chute à 23% en avril, entraînant avec lui le RevPAR qui atteint un plus bas historique (-96,5%). Cet état de léthargie s’est prolongé jusqu’au mois de mai et la réouverture progressive du territoire.
- Grâce à la reprise des déplacements au début de l’été, l’activité a enclenché une reprise. L’ouverture des régions au tourisme domestique a permis de redonner de l’air aux hôtels, notamment à ceux des littoraux pour lesquels la saison estivale est vitale. Grâce à cette dynamique de rebond qui a accéléré au cours de l’été, le RevPAR est revenu à une perte de « seulement » 35,3% dès le mois d’Août, et bien moins encore dans les 85% d’hôtels qui avaient alors rouvert.
- Cependant, dès la rentrée, en raison de la situation économique, du recours massif au télétravail et des limitations de déplacement pour des évènements ou rendez-vous d’affaires, l’activité hôtelière a rechuté (-59,4% en septembre, -62,7% en octobre), sous l’effet du manque de clientèle business.
- Enfin, l’annonce du second confinement le 28 octobre a mis fin aux espoirs de reprise en 2020. En l’absence de clients, les hôtels ont subi une 2ème vague de mise à l’arrêt : même si les hôtels ont généralement choisi de rester ouverts (1/4 refermant de manière permanente), le revenu par chambre a de nouveau plongé de 82% en novembre puis de -73,4% en décembre.
Mais tous les hôtels ne sont pas logés à la même enseigne. En fonction de leur gamme, ils ont été plus ou moins affectés. Celle-ci a une nouvelle fois montré la résilience plus forte des segments économiques relativement aux gammes supérieures. En effet, l’activité de ces dernières repose bien plus sur la clientèle internationale (notamment long-courrier), sur les salons & congrès... En l’absence de ces habituels moteurs de demande, la majorité des établissements haut de gamme & luxe se sont donc retrouvés contraints de fermer : seulement 8% d’entre eux étaient ouverts en avril, 39% en novembre, et près d’1/5ème du parc n’a même jamais rouvert dans l’année, faute d’activité.
A l’inverse, les segments super-économiques et économiques sont traditionnellement les plus résilients en temps de crise, et celle de la COVID-19 ne fait pas exception (même si l’ampleur des baisses d’activité y reste considérable). D’une part, les hôtels budget et économiques ont été plus nombreux à être restés ouverts tout au long de l’année, y compris parfois au cœur des périodes de confinement, pour loger des travailleurs en « première ligne » de la lutte contre l’épidémie (personnels de santé, clientèles du transport / de la logistique...) et/ou des publics spécifiques (familles de malades, patients en quatorzaine, mal-logés...). D’autre part, leur activité a rebondi plus rapidement, de concert avec le retour de la demande d’affaires de secteurs-clés, comme le BTP dès que les chantiers ont pu reprendre, et avec le retour des déplacements loisirs des Français pour les week-ends et vacances passés dans l’Hexagone. Cela a donc permis aux hôtels d’entrée de gamme d’amortir en partie la chute considérable du chiffre d’affaires sur l’année. Celle-ci s’élève tout de même à -43,5% en hôtellerie budget et à -54,2% en hôtellerie économique. L’hôtellerie moyen de gamme (-62,2%) est proche de la moyenne, tandis que les hôtels haut de gamme & luxe ont eux plongé, perdant les 3⁄4 (-73,7%) de leur chiffre d’affaires….
Vanguélis Panayotis, CEO de MKG Consulting, commente : « Tous les professionnels de l’hospitality ont été soulagés de tourner la page de 2020, une année qui restera gravée dans nos mémoires collectives. Devoir fermer les portes de nos hôtels, enregistrer une baisse d’activité d’une telle ampleur, ce sont des évènements sans précédent ! Mais s’il nous faut aujourd’hui faire face collectivement pour surmonter dans les prochaines semaines cette crise existentielle, il ne faut pas perdre de vue que les fondamentaux de moyen et long terme restent solidement ancrés, et offrent au secteur des espoirs de reprise. D’ailleurs, l’activité hôtelière a toujours montré sa capacité à rebondir rapidement après des interruptions brutales de son activité, comme tout près de nous après le choc des attentats terroristes à Paris en 2015. »