Mandelieu : les inondations d'octobre dernier…

« Chronique d'une catastrophe annoncée. »

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Une réunion d’information ouverte aux membres de l’association AIDCM, à leurs sympathisants et aux médias s'est tenue jeudi dernier dans un lieu qui pourrait faire office de symbole. Le restaurant « Le puits de l'Argentière » et le camping « L'Argentière » ont été en effet sinistrés lors des terribles inondations du 3 octobre dernier.



- Mandelieu oct 2015 ©AFP Boris Horvat -


La principale information était l'annonce du dépôt d'une plainte auprès du Procureur de la République. Avocat conseil sur ce dossier, Me André-Hubert Bezzina développa en détail les éléments constitutifs de cette plainte tandis que le président de l'AIDCM, Bernard David, expliquait les motivations et les dernières actions de son association. Jean-Valery Desens, conseiller municipal d'opposition de Mandelieu, assura l'assistance, les plaignants présents et les responsables, de son implication, particulièrement sur l'incidence des déboisements dans le domaine de Barbosi sur les débordements meurtriers du cours d'eau de l'Argentière.


Pour ceux qui ont vécu de près les tragiques événements, pour les 8450 sinistrés, pour les voisins, pour les parents des huit personnes disparues, pour ceux qui ont tout perdu, les souvenirs aussi, l'affaire n'est pas close. Elle vient même de franchir une nouvelle étape avec le dépôt de cette plainte. Et ce malgré les velléités de la mairie de tourner la page ou plutôt de détourner la tête… Malgré aussi les pressions exercées ici et là pour rendre les actions de l’association et de ses sympathisants plus difficiles, comme n'a pas manqué de le mentionner le président. Malgré l'attitude du maire jugée hautaine et de deux de ses adjointes qui y sont allées d'un « Notre équipe n'a pas de temps à perdre » évoquant des « gesticulations »… C'est faire fi des interrogations légitimes des victimes, de leur désarroi, de leurs angoisses.


Certaines d'entre elles avaient déjà porté plainte dès le mois de mars dernier. Aujourd'hui, c'est au tour de l'Association d'Information et de Défense de la Commune de Mandelieu La Napoule de monter au créneau avec un dossier des plus argumenté qui a nécessité 8 mois de préparation. Ses statuts l'autorisent en effet à porter plainte contre X. C'est ce qu'elle a fait sous les conseils de Me Bezzina qui laissait entendre qu'il avait lui aussi subit de... discrètes pressions.


Deux chefs ont été retenus. Celui de « Mise en danger de la vie d'autrui par violation manifestement délibérée d'une obligation réglementaire de sécurité » et « Homicides involontaires aggravés ». La mairie est directement visée puisque c'est elle qui était en mesure de savoir et avait le devoir d'agir avec efficacité et célérité. Il n'est pas dit qu'elle n'ait rien fait mais sans doute pas à bon escient ainsi que l'on démontré les longues recherches effectuées. Elle avait été alertée. Des recommandations lui avaient été faites. Il est sans doute utile de rappeler que d'autres inondations d'importance avaient déjà eut lieu en 1993, 1996, 2000, 2011 et 2012. Un rapport sollicité par la… mairie avait même en 1999 recommandé un certain nombre de travaux à réaliser en urgence. Mais, seize ans après, rien sur le secteur de l'Argentière, pourtant ciblé comme sensible.


Secteur rendu encore plus fragile par les travaux entrepris sur le bassin versant, dans le domaine de Barbosi : déboisement important, apport de terres qui seront emportées par les pluies et contribueront au drame que l'on connaît. Travaux dont certains ont été réalisés illégalement, de plus sur un site classé. C'est ce qu'avait noté les services compétents de la préfecture en 2012.


Pour JV Desens, cette opération de déboisement dont un coupe-feu autorisé et ces apports de terre, annonce pour bientôt la réalisation d'un projet immobilier d'envergure, plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés. Ceci pourrait en partie expliquer cela.


« Non, monsieur le Maire, les gens n'ont pas oublié ! » Les victimes veulent comprendre comment on en est arrivé là. Elles veulent aussi un peu de compassion de la part des autorités municipales et, s'il y a eu négligence, que des sanctions soient prononcées. Cela sera leur façon de faire leur deuil !


- vidéo de synthèse réalisée par l’association -