Cannes : les affaires reprennent...

les perquisitions aussi.

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Bernard Brochand, l’ancien maire et néanmoins incontournable président de l’intercommunalité « Pays de Lérins », peut se flatter d’avoir placé la mairie en tête de celles qui font l’actualité judicaire.


En effet, quelle autre ville française peut se vanter d’avoir eu, en seulement quelques mois, deux élus municipaux mis en examen, deux proches conseillers du maire ainsi que deux fonctionnaires d’importance mis en examen soupçonnés de corruption passive et active, prise illégale d'intérêts, faux en écriture et usage de faux, détournements de fonds publics, trafic d'influence passif, abus de confiance ?

Si dans d’autres communes ces faits auraient mis le feu aux poudres, ici, dans le sud du sud, à l’extrémité de l’hexagone, peu s’en émeuvent. On se dit que ce n’est pas pire qu’en Italie ou qu’en Grèce (désolé)... Alors, une perquisition le 15 juillet suivie d’une autre le 22 juillet dans les bureaux des services juridiques, ça fait juste un sujet de conversation, une brève de comptoir ou plutôt de cybercafé, car des bistrots pour lire son quotidien favori, s’entretenir avec son voisin, éplucher un œuf dur, siroter un pastis, il n’y a plus guère en ville...

 

Les intéressés font profil bas et se gardent bien de polémiquer. À peine si la nouvelle équipe municipale s’étonne et proteste de n’avoir pas accès au dossier alors que la ville s’est portée partie civile. Une stratégie de la discrétion qui s’est avérée payante si l’on en croit les résultats des dernières élections puisque les affaires mises à jour et portées à la connaissance du public, n’ont pas empêché David Lisnard, premier adjoint de la municipalité précédente, de décrocher haut la main la timbale.

Mais cela n’a pas l’air d’émouvoir le juge Jean-Pierre Murciano, qui, imperturbable, poursuit ses investigations avec l’aide des gendarmes sans tenir compte d’aucun calendrier... électoral. L’enquête s’était portée dans un premier temps, sur le fonctionnement de l’association des « Amis du maire », le financement des campagnes électorales en 2012, et la possible implication du Bâoli, établissement de nuit très en vogue... À ces dossiers qui se recoupent, vient de s’ajouter une annexe « urbanisme ». On parle maintenant de terrains achetés par la mairie à des prix ne correspondant pas à ceux du marché. Selon Jean-Pierre Largillet de Web Time Médias, les enquêteurs seraient repartis de leur dernière perquisition sans rien emporter. Les preuves auraient-elles disparu, se seraient-elles égarées, ou les accusations seraient-elles sans fondements ?

Plusieurs personnalités locales sont sur la sellette. Elles ont déjà beaucoup perdu. Ainsi Me Christophe Santelli-Estrany, un des éléments essentiels de l’équipe de Bernard Brochand lors de ses deux mandats de maire. Il était délégué aux affaires juridiques, immobilières et maritimes. Avant qu’il ne soit mis en cause, il était en position de devenir, en cas de victoire de David Lisnard, son premier adjoint.

Si l’enquête se poursuit dans les mêmes directions d’autres noms pourraient logiquement être cités. Bernard Brochand qui, en sa qualité de député bénéficiant de l’immunité parlementaire, n’a pas pu et voulu être entendu. Il pourrait l’être comme simple témoin et serait alors en mesure d’infirmer ou pas les accusations portées sur les personnes concernées par ces affaires, toutes des proches.

Le volet « urbanisme » ne risque-t-il pas aussi de mettre en avant l’adjoint à l’urbanisme de la municipalité précédente, Gilles Cima, vice-président de l’UDI dans le département et susceptible de devenir Conseiller Général/régional (appelé dorénavant Conseiller territorial) dans les années à venir ? Autre victime collatérale, le directeur général des services de la ville, Alain Jouanjus, déchargé de ses fonctions par le nouveau maire alors qu’on le disait déjà sur le départ. Aurait-il fermé les yeux sur les présumées pratiques indélicates de son adjoint, Philippe Lavaud, mis, lui, en examen ? Il semble bien que le nouveau maire se distancie autant qu’il le peut des personnes mises en cause ou susceptibles de l’être.

Toujours beaucoup d’ombre sur ces dossiers qui entachent une nouvelle fois la crédibilité des élus et de ceux qui les entourent. Alors, Cannes au dessus de tous soupçons ! C’était un coup de pub car apparemment non. Vacances... judicaires obligent, il faudra attendre que les jours... raccourcissent pour y voir un plus clair.