Cannes : le Blue Bar, Félix, Le Festival

s’en sont allés... et les regrets aussi.

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Dernière victime en date de cette hécatombe, le restaurant/bar « Le Festival ». Inventé par le publiciste Jean Mineur, il connut ses plus beaux jours lorsque le Palais des Festivals était de l’autre côté de la rue. En été, il faisait le plein, rendez-vous incontournable de la jeunesse internationale qui se dispersait ensuite dans tous les établissements de nuit, du Whisky à Gogo de Paul Pacini, de l'Akou Akou à Valbonne et jusqu’à la Siesta à Antibes. Avec des hauts et des bas, il parvint à maintenir le cap jusqu’il y a très peu. Les verres rangés, les tables et les fauteuils débarrassés, l’espace a été loué à une multinationale du Grand luxe. Voilà La Croisette devenue un peu plus une vitrine pour peoples friqués et touristes chinois à l’affut des grandes marques, celles qu’on trouve dans tous les tax free de tous les aéroports du monde et les grandes avenues de toutes les capitales...


- Pablo Picasso, chez Félix, 1969 -

Bien avant lui, le « Blue Bar », qui logeait au rez-de-chaussée moins un dans l’aile ouest de l’ancien Palais avait rendu les armes et les clés sans laisser d’héritiers... Félix Cenci y avait fait ses classes avant de décider d’ouvrir un peu plus loin sur le boulevard sa propre adresse « Chez Félix ». D’origine italienne, il avait su créer une dynamique et recevait les grands de ce monde avec une désinvolture de bon aloi. Picasso et Jacqueline en avaient fait une de leurs cantines préférées. Le restaurant/bar changea plusieurs fois de propriétaires. Le dernier avait redoré l’image de ce lieu mythique. Suite à des aléas professionnels dans l’immobilier, il dut abandonner la partie. C’est maintenant la énième vitrine cannoise de fringues hors de prix...

- Jean Robert Toutain, Terrasse du Masque de Fer, 1973 -

Autre habitué de « Chez Félix », Jean Robert Toutain, PDG du Palm Beach, établissement de jeux situé à l’extrême pointe de la Croisette. Il sut en faire un lieu convivial adoré des Cannois avec sa piscine eau de mer et ses attractions nombreuses et variées. La gentry azuréenne et monégasque s’y pressait ainsi qu’une clientèle internationale des plus exigeantes. Les galas se succédaient tout l’été sur la Terrasse du Masque de Fer, face à l’île Sainte Marguerite, point remarquable de la baie. Les couchers de soleil sur l’Estérel étaient inoubliables...

Un autre lieu de rencontres, le « Petit Carlton ». Rien à voir avec le grand, si ce n’est que certains de ses clients ne craignaient pas de s’encanailler dans ce bistrot situé à quelques rues à l’arrière du Palace de la Croisette. Ouvert 7/7, 12 mois par an, le lieu était une véritable institution où notables, commerçants et ouvriers refaisaient le monde et la politique locale autour d’un café, d’un verre de vin ou d’un plat du jour... Comme le Khédive, lui aussi sur la rue d’Antibes, il a rejoint la longue liste des adresses disparues. Ont-elles étaient remplacées par d’autres ? On note bien un renouveau d’une partie de la rue Hoche. Autre temps, autres lieux. Reste la nostalgie d’une époque révolue. Pour certains ce fut la Belle Époque, un peu élitiste il est vrai...

- La Bégum Aga Khan, Palm Beach, 1970 -