Var : quand le littoral va

tout va.

Quand il ne va pas, on s’inquiète... à juste raison. En effet les conséquences de la détérioration des rivages peuvent être multiples. Elles peuvent modifier le paysage, affecter la faune et la flore, les habitations et leur utilisation par les locaux et les visiteurs.



Les 14 et 15 octobre dernier, experts et spécialistes du littoral se sont retrouvés sur la côte varoise de l’agglomération toulonnaise pour étudier les problèmes d’érosion et présenter des solutions d’aménagements du littoral afin de limiter les risques.

Ces rencontres, organisées par l'EUCC-France en partenariat avec l’ONF et le BRGM, ont réuni plusieurs experts et collectivités en charge de sites littoraux, des membres de l’association, mais aussi des scientifiques et spécialistes de l'aménagement du territoire.

Cet atelier qui se réunit deux fois par an sur le terrain constitue un espace d’échange pour les scientifiques, les élus, les techniciens et les gestionnaires. Une journée est consacrée aux visites de sites sélectionnés, suivie d’une demi-journée en salle, avec débats autour des questions soulevées sur les cas présentés la veille.

Cette session était consacré à l’étude des phénomènes d’érosion littorale des côtes rocheuses et sableuses méditerranéennes, de la connaissance des aléas à la gestion des milieux, en intégrant les implications en matière d’aménagement du territoire et plus précisément l’instabilité des falaises côtières, sur les communes de Saint-Mandrier-sur-Mer, Toulon et Le Pradet, ainsi que la gestion des côtes sableuses sur la commune d’Hyères.

En analysant le rôle de la végétation naturelle sur les phénomènes érosifs, l’ONF a pu mettre en évidence que, sur certains secteurs, une gestion basée sur le génie écologique peut permettre d’atténuer des aléas (érosion due au piétinement, au ruissellement, chute de pierres…) et éviter des désordres irréversibles ultérieurs. En mettant en place une gestion préventive de la végétation, les décideurs locaux peuvent ainsi maîtriser les coûts d’entretien de ces espaces, conserver et améliorer les paysages côtiers et leur biodiversité et éviter des interventions lourdes coûteuses.

Dans le cadre du projet de recherche VALSE (Vulnérabilité et Adaptation pour Les Sociétés face aux érosions de falaises côtières en région PACA), une étude sociologique a montré que les habitants du littoral n’ont pas forcément la conscience des risques encourus et sollicitent l’Etat comme garant de leur sécurité.

Un point important a également été soulevé, celui de pouvoir disposer de méthodes de suivi régulières afin de pouvoir mieux comprendre les phénomènes en jeu et prévoir à moyen terme les évolutions. L’évolution de la technique facilite ces suivis, et même si l’anticipation des phénomènes est grandement accompagnée d’incertitude, les scientifiques doivent accompagner les décideurs en les éclairant sur les évolutions prévisibles.

D’évidence, les enjeux sont importants pour le littoral varois mais dans les Alpes-Maritimes aussi on se pose de plus en plus de questions en constatant la lente disparition des plages de galets à Nice et de sable à Cannes avec, à terme, de lourdes conséquences sur l’économie locale liée au tourisme. Autre sujet de préoccupation : les tentatives nombreuses et répétées de certains maires pour assouplir les contraintes urbanistiques liées à la « Loi littoral »... Bernard Brochand, alors maire de Cannes, n’avait pas hésité à protester contre son application : « Durant près de trente-cinq ans, l'État a laissé bétonner les côtes et se développer de nombreuses activités. Aujourd'hui, parce qu'il veut reprendre la main, il faudrait se plier sans rien dire »... jurant qu’il se mettrait « hors la loi »  pour protéger le statu quo concernant les plages privées cannoises...