Politique : pas d’Azuréen au gouvernement Fillon
Estrosi rentre à la maison, Leonetti reste en ville...
La Côte d’Azur a toujours été bien éloignée de la capitale et les gouvernements de droite comme de gauche, n'avaient guère montré d'intérêt pour cette extrémité de l’hexagone, sinon pour y passer des vacances. Depuis deux décennies, de Fréjus à Menton, elle penche nettement à droite et, si l’on comprend les raisons politiciennes qui ont fait que la gauche l’ait boudée, on a plus de mal à saisir pourquoi la droite n'y a pas cherché plus souvent des personnalités pour représenter à Paris, au sein des ministères, ce réservoir d’électeurs dévoués à ses bonnes causes…
Un Azuréen au gouvernement pendant cinq ans, c’est donc inhabituel, un vrai record. Christian Estrosi, en bon compétiteur qu’il est, apprécie. Il a eu aussi la décence de ne pas aller pleurer devant les médias, en apprenant qu’il ne ferait plus partie de la nouvelle équipe. On ne peut qu'être affligé que plusieurs de ses collègues recalés, Borloo et Maurin en tête, aient jugé bon d’exposer leur état d’âme d’hommes d’État en souffrance. Comme s’ils avaient signé un CDD avec le Président de la République ou qu’ils aient cru que le poste de ministre ou de secrétaire d’État leur donnait droit à un maroquin à Durée illimitée… Si le pouvoir corrompt, il gonfle aussi l'ego absolument !
Déçu mais réservé comme à son habitude, Jean Leonetti le député-maire d’Antibes, y croyait pourtant dur comme fer. Certains de ses proches aux grandes oreilles parisiennes, le voyaient Ministre de la Santé. On murmure même qu’il avait reçu des assurances, que la chose était quasi faite. Aux affaires depuis 1995, l'homme est apprécié et écouté à Paris. Très impliqué sur les questions d’éthique notamment médicales, il est à l’origine à la Loi relative aux droits des malades en fin de vie, une avancée considérable dans ce domaine. Depuis 2008, il est aussi le président de la Communauté d’agglomération Sophia Antipolis, la CASA, seul pour l’instant à faire contrepoids dans les Alpes-Maritimes à l’ambition hégémonique du couple Estrosi-Ciotti… Sa légitime déception sera sans doute atténuée s’il est élu à la tête du groupe UMP à l’Assemblée nationale. Christian Estrosi vient juste de demander le report de ce vote de désignation, argumentant que lui, et d'autres recalés du nouveau gouvernement Fillon, vont devoir attendre encore 3 semaines avant de récupérer leur siège de député, siège qu’ils avaient dû quitter pour cause de cumul des mandats. Et de réclamer par la même occasion davantage « de démocratie interne » : par exemple en faisant élire le secrétaire général du parti par les militants de base.
On disait Michèle Tabarot ministrable. La député-maire du Cannet l’est toujours mais ne réclame rien, occupée à mener à bien sa mission à la Présidence de la Commission des Affaires Culturelles et de l'Éducation. Il n’y a qu’à visiter son bureau à l’Assemblée nationale pour prendre la mesure de ses responsabilités qui s’étendent à l’Enseignement scolaire et supérieur, la Recherche, la Jeunesse, les Sports, la Communication et la Propriété intellectuelle. Poussée à ce poste par Jean-François Copé dont elle est une alliée visible et déclarée, elle ne peut que se féliciter de l'accession de ce dernier au poste de secrétaire général de l’UMP. Avec son franc parler habituel, elle n’avait pas caché qu’elle était favorable à un changement de patron à la tête du parti. Elle peut maintenant s’attendre à ce que, lors d’un déplacement des instances nationales à Cannes, ce soit la permanence officielle de l'UMP, 99 boulevard Carnot, qui soit visitée et pas seulement celle des membres UMP favorables au tandem Brochand-Lisnard, sise Marché Forville, qui le soit. On avait remarqué que le chef de l’UMP, Xavier Bertrand, avait en janvier dernier fait le choix du Marché versus le Boulevard, trop loin sans doute de la gare SNCF… À l’UMP comme ailleurs, on applique souvent la stratégie « diviser pour mieux régner ! » Ce qui n’est pas toujours la garantie absolue lorsqu’il s’agit de se faire élire ou réélire…