Côte d’Azur : la Semaine du développement durable
a-t-elle de l’avenir ?
C’est la semaine des bonnes intentions. Chaque commune fait de son mieux pour redorer une image bien dégradée. Que peut-on d’ailleurs encore faire en la matière, que peut-on encore sauver sur un territoire sur urbanisé ? Le littoral n’applique pas sa loi, les associations de protection font profil bas pour garder leurs subventions ou se taisent, fautes de combattants courageux, moins intéressés par le bien commun que par une place sur une liste aux municipales. Car le public est lassé des mauvaises nouvelles. Il préfère les bonnes. Il est bien servi. Cette semaine c’est la fête à Neu-Neu, tout le monde il est gentil, tout le monde il est écolo, tout le monde il est Bio.
À Mouans-Sartoux, écolo parmi les écolos, la commune proclame : « le développement durable, c’est tout un Art ! »… si possible concret. Avec le SIVADES, elle organise les Recyclades. Des artistes sont invités à… développer leurs idées et leur art à partir d’éléments récupérés et recyclables. Télescopage des initiatives écolos et sociales, ça tombe le samedi 4 avril, date choisie pour garder le porte-monnaie au fond de la poche et pour ne pas faire sonner les tiroirs-caisses… Les artistes écolos ne vendront rien, ils devront se faire une raison, à moins que la règle ne s’applique pas à eux ? Ne pas acheter, la durée d’un jour : une initiative qui ressemble à la celle de la… semaine dernière où l'on nous demandait d’éteindre nos lumière pendant une heure… une façon comme une autre de se donner bonne conscience et d’envoyer un message… fort (?) aux élus qui décident pour nous, à l’insu de notre plein gré, de notre avenir !
À Cannes, deux pages dans le quotidien local nous assurent et nous rassurent : la commune est au top. L’adjointe à l’Environnement, écolo recyclée au sein de l’équipe municipale, Pascale Vaillant, promet « au moins un temps fort par jour » tandis que pour le député-maire, Bernard Brochand, il s’agit durant toute cette semaine « d’amener les Cannois à devenir les acteurs du développement durable ». Sur les trois associations interrogées, seule la CEBAC, par l’intermédiaire de son secrétaire-général, Pierre Guyomarch, tout en félicitant le maire sur sa Charte de l’environnement, ose émettre quelques réserves sur « le suivi et la concertation qui font défaut ». Quant aux deux autres associations subventionnées en partie par la commune, Méditerranée 2000 et le CSIL, elles applaudissent à tout rompre…
- semaine durable et loi littoral…
Il est vrai que chaque commune soigne son image de défenseur de la nature, d’entreprise citoyenne et exemplaire en matière de… politique de l’environnement. Elle fait circuler le bâton de maréchal, bien contente de devenir pour quelques… semaines, la ville la plus propre, la plus écolo, la plus verte, la plus durable, la plus… développée de France. Comme pour les villes les plus sportives de France, chacune à tour de rôle prend le flambeau pour en faire à bon compte un argument électoral. Cela rassure les administrés et les citoyens qui pensent que le maximum est fait pour éviter le pire. Le pire : la Méditerranée polluée au point qu’on ne puisse plus s’y baigner (comme sur certaines plages près de Venise), que l’eau devienne si rare et si chère qu’on soit obligé de fermer les piscines privées et publiques.
Pendant ce temps, comme le fait très justement remarquer Renaud, « La mer c'est dégueulasse, Les poissons baisent dedans… », alors pourquoi n’est-ce pas, devrait-on s’inquiéter du… développement anarchique de la plaisance et de… l’industrie des croisières sur nos côtes, d’un urbanisme dévorant les espaces, des plages bétonnées, des mégots sur le sable, des déchets qui s’accumulent et qu’on est obligé d’évacuer vers d’autres destinations, par exemple sur le département voisin du Var ? Puisque nous sommes si bons, inutile donc de demander aux promoteurs d’intégrer dans leurs nouveaux programmes du solaire ou du voltaïque, ça ferait baisser leurs marges… sans résoudre le fond du problème : comment concilier le mot développement et le mot durable !
Jean Yves Cousteau devait avoir tort lorsqu’il y a plus de 30 ans, il parlait de « La mer blessée » (Flammarion), de la Méditerranée assassinée, Nicolas Hulot aussi, Don Quichotte qui se bat contre des moulins à vent brasseurs de promesses. Personne ne veut savoir si les poissons ou les fruits de mer que nous mangeons contiennent des polluants. Tout le monde sait que tout ce que nous utilisons sur la terre ferme finit dans la mer, et que la solution ne se trouve pas à la fin du processus, mais au début. Tout le monde le sait mais personne n’y croit. Enfin, pas encore ou pas assez !
- NB : quelques lecteurs ont lu notre article du 1er avril au premier degré, il fallait bien sûr ne pas perdre de vue la tradition attachée à cette date…