Festival de Cannes : J moins 5

Les médias font et défont…

Nicolas Sarkozy s’en prend à la presse, à une certaine presse, celle qui ne roule pas pour lui, celle qui ne lui cire pas ou plus les pompes. Si les sondages sont mauvais, c’est la faute à la presse, si les Français ne l’aiment plus c’est encore la faute aux médias. Dans la même logique, si Nicolas est président, ce serait aussi une peu la faute des journalistes… Il n’est pas le seul politique à penser tantôt du bien, le plus souvent du mal, de ces professionnels de l’information qui se mêlent de faire des commentaires…

Beaucoup d’entre eux se plaignent quand les journalistes ne disent pas ce qu’ils aimeraient qu’ils disent d’eux. François Bayrou par exemple, se lamente du traitement journalistique qu'il subit. Itou pour Jean-Marie Le Pen, et d’autres et d’autres. Tous ont eu, un jour un mauvais papier, ce qui les a mis de… mauvaise humeur. Et de taper allègrement sur le journaliste qui n’a rien compris, qui, lors d’une énième conférence de presse somnole sur sa chaise, digérant « les amuse-gueule mais ne pas trop l’ouvrir », légèrement enivré par la coupe de champagne du dernier cocktail auquel il vient de participer…

David Lisnard, premier adjoint de la ville de Cannes, suppléant du député Bernard Brochand et président du Palais des Festivals, avait été très clair à ce sujet, recommandant : « Journalistes, journalistes, dernier conseil : quand, après une réunion, un meeting, une conférence de presse, ou un déjeuner bien arrosé, vous avez du mal à fermer l’œil, alors que c’est l’heure de la sieste, relisez vos notes, recherchez la vérité, interrogez-vous sur ce qui a pu être dit. Et vous trouverez le sommeil, celui du juste, très revigorant contre le cynisme facile, et ainsi continuez le lendemain à assumer l’un des plus beaux et exigeants métiers du monde ». Lire, ici, l'article.

Le parallèle avec le monde du spectacle, du cinéma et du Festival est évident quoique moins grave après tout. Il ne s’agit que de distraire bien que certains auteurs et acteurs arrivent à faire réfléchir le spectateur… mais, nous l’avons tous remarqué, il y a davantage de spectateurs pour assister à une rencontre PSG, Marseille, à la première d’un film ou parait Angela Jolie et Brad Pitt qu’à un débat public sur le nucléaire, le Sida, la politique de la ville ou de la… campagne.

Tout ce beau monde en oublie une règle de base: parlez-moi de moi, y a que ça qui m’intéresse. Parlez-en aux autres, en bien ou en mal, mais parlez-en… Il n’y a rien de pire pour ceux qui n’existent essentiellement que grâce aux médias qui les citent, les récitent et les… explicitent, que le silence. Ils doivent s’inquiéter lorsque le téléphone reste muet, lorsque les flashs des photographes ne crépitent plus. Vedettes elles ne le seront pas plus, metteurs en scène resteront sans scène, réalisateurs sans producteur… candidats sans mandat. Bayrou et Royal conservent toutes leurs chances d’être un jour président de quelque chose, République comprise, parce que les médias le… veulent bien et leur accordent de l’importance et bougre donc, ils le savent !

  • les politiques semblent avoir tourné une des difficultés liées à la Communication et à la nécessité d’occuper le terrain médiatique. Ils publient leur propre journaux et périodiques, ont leur propre télé même si c’est encore rare et possèdent tous leur blog et leur site Internet. Les institutions territoriales y excellent. Région, département, intercommunalité, mairie, tous ont leur revue, quadrichromie sur papier glacé, le luxe diffusé dans tous les foyers ou presque, sur le compte du… contribuable. Pour calmer le mécontentement des quotidiens et autres professionnels de la presse écrite, à qui ils font une concurrence pas très loyale, il suffit de leur acheter quelques pages de pub. Autre avantage, cette contribution qui peut se révéler indispensable à la survie de certains titres, garantie à ceux qui les achètent, une couverture médiatique neutre, voire… bienveillante.

Alain Dartigues

- mention : www.pariscotedazur.fr – mai 2008 -
- écrire au magazine, s'abonner, se désabonner -