Royal et Bayrou ont encore de beaux jours devant eux.

Il leur suffira d’occuper, jusqu’aux prochaines élections, le devant des médias…

Et les médias ne demandent que ça. Entrevues, premières de couverture, échos dans les rubriques people ou plus sérieusement dans celles qui parlent de politique, tout est bon… à prendre. Match, Gala, le Nouvel Obs, Politis… rien n’est à négliger pour occuper le terrain… médiatique.

Lionel Jospin et Claude Allègre n’ont rien compris qui offrent à leurs plus chers amis d'antan, sur un plateau… de télé, une occasion de plus de lancer un débat. Ils font, à leur esprit défendant, un cadeau « royal » à Ségolène. Cela fait l’affaire des deux larrons de l’opposition qui s’entendent à merveille et s’entendront jusqu’à l’affrontement final pour déstabiliser Nicolas Sarkozy.

Parlez-nous de nous, il n’y a que ça qui nous intéresse ! En bien ou en mal, peu importe, pourvu que chaque jour, notre nom soit prononcé par cent et un commentateurs et s’inscrive de façon indélébile dans la mémoire et pourquoi pas dans le cœur des Français et de Françaises. Tout plutôt que l’oubli médiatique… semble dire nos deux compères.

Tandis que les autres travaillent et sont confrontés aux dures réalités du pouvoir, Ségolène et François, bien au chaud dans l’opposition, comptent les points perdants de leur ennemis – il n’y a que ceux-là qui les préoccupent, ceux-là même qui leur permettront un jour de rebondir, de prendre à revers leur rival et néanmoins ennemi, en un mot, en un seul, de prendre à leur tour le pouvoir. Ils en rêvent tout haut, premiers pourtant à critiquer celui qui ne cachait pas ses aspirations nationales. Le pouvoir, le pouvoir absolu – bien que théorique, puisque nous sommes dans un Etat de droit et qu’il y a un assez grand nombre de garde-fous pour ne pas pouvoir faire n’importe quoi.

Un pouvoir où pourtant on prend des coups, tous les jours que Dieu, cet ange tutélaire, fait… Le pouvoir qui confère à l’élu assis sur la plus haute marche, celui de prendre une stature internationale et l’espoir de laisser son nom gravé dans l’Histoire… au moins pour quelques décennies. Cela peut sembler vain mais reflète le souci qu’ont certains de donner un sens, le plus exaltant, le plus « royal » possible, à leur vie.

L’argent n’est pas tout, s’il n’est qu'une façon d’asseoir un statut social enviable et envié. Machiavel l’avait bien compris qui fréquentait les Princes et les conseillait. Qui veut la fin veut les moyens, leur disait-il. Primaire mais efficace. Aujourd’hui presque plus simple à réaliser, il suffit pour exister et pour garder ses chances intactes, de faire parler de soi. Les journalistes, dévoués, corvéables à merci, ne demandent que ça, de la matière. Leur travail est difficile.

En véritable Pénélope, ils tissent et détissent au quotidien les fils de l’information. Il leur faut chaque jour remplir, en Danaïdes soumises, le vase percé des rédactions, garnir de nouvelles colonnes, réaliser des émissions qui chacune ressemble à l’autre, des scoops, secrets de polichinelle, des micro-interviews de trottoirs, ersatz de vérités politiquement correctes…

Les hommes et les femmes politiques à la recherche du temps… d’antenne, sont des sujets disponibles à souhait, inépuisables, faciles. Même leurs colères sont prévisibles et souhaitées. Lorsque leur verbe est haut, meilleur est l’audience.

Jean Daniel poussait, avant-hier dans un de ses éditoriaux - brillants comme d’habitude – le bouchon un peu plus loin : si la fin justifie les moyens, la morale n’a rien à voir avec la politique. Qui dira le contraire ? Sûrement pas Ségolène et François qui mesurent déjà leurs chances d’être le prochain président de la France et des Français à l’aune de leurs temps d’antenne…

- mention : www.pariscotedazur.fr - octobre 2007 -
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