Urbanisme : petit lexique, 1356

P comme publicité… abusive.

Catégorie Pieds dans le plat

P comme publicité abusive ou mensongère, c’est selon où l’on veut placer la barre et la façon de qualifier les faits.

Exemple parmi tant d’autres, la pub que l’on peut encore voir – tant que tout n’est pas vendu – sur la promenade du Midi, à Cannes. Emplacement bien connu des vieux Cannois qui ont vu défiler des entreprises emblématiques comme les Chantiers navals de l’Esterel puis utilisés par Bus Azur, avant d’être racheté par une promoteur immobilier. C’est là que se construit une résidence de luxe, pieds dans l’eau, le Royal Palm.

Pour les futurs résidents, il leur suffira en effet de traverser le boulevard pour se baigner dans la très chère Méditerranée. La plage est à cet endroit assez étroite et le ponton, annoncé sur l’affiche (notre photo) ne correspond pas à ce qu’il promet. Le ponton est en effet en très mauvais état. Son accès, interdit au public (par un panneau) est jugé dangereux. Pourtant l’affiche montre un magnifique ponton, large, avec ses parasols et son solarium… On remarque aussi que le boulevard est peu fréquenté, aucune voiture n’y stationne tandis que du côté mer, les planches à voile viennent jusqu’au bord de la plage montrer leurs jolies couleurs… une éventualité fantaisiste si l’on s’en tient à la réglementation.

L’enquête de Nice-Matin, du 7 mars dernier, ne laisse pas entrevoir d’amélioration dans un futur proche. Le ponton est propriété de l’Etat et celui-ci ne compte pas en confier la gestion au secteur privé. De plus, vu son état de délabrement, il faudrait le détruire pour le reconstruire. Une opération très coûteuse, et à quoi bon au fond, puisque les appartements se sont vendus comme des petits pains…

Autre lieu, autre promesse non tenue, le secteur de La Palestre au Cannet. Le précédent maire et député, Pierre Bachelet, avait négocié avec le promoteur, la session d’un immense terrain communal en échange de la construction gracieuse d’un complexe comprenant, entre autres, une salle de spectacle, un centre d’hébergement et de soins pour les sportifs de haut niveau, une piscine semi olympique (interrogé, le Conseiller général de l’époque ne savait pas trop à quoi cela correspondait…) et un lac dont on crut longtemps que son accès serait ouvert à tous.

Fi ! Le lac construit, son tour fut protégé et les immeubles se multiplièrent allégrement, au plus grand bénéfice des constructeurs. Sur les affiches destinées à appâter le client et à égarer les Cannetans qui s’attendaient à ce que davantage d’espaces publics leur soient ouverts, on pouvait voir sur ce lac, des planches à voile. Bien entendu, pas plus de planches à voile sur le lac, bien trop peu profond, que de piscine semi olympique et d’hôtel pour athlètes… en mal de soins.

Les affiches des promoteurs et des constructeurs immobiliers ressemblent parfois à des promesses électorales… elles n’engagent que ceux qui y croient.

Alain Dartigues

- mention : www.pariscotedazur.fr – avril 2008 -
- écrire au magazine, s'abonner, se désabonner -