Côte d’Azur : quand la mer reprend ses droits,

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les plagistes boivent la tasse…


- les pieds dans l'eau, les palmiers cannois ont le blues -

Avec la régularité des saisons, la mer vient laver, il faudrait dire lessiver, les plages et les côtes de nos rivages. Spectacle spectaculaire et fascinant. Ces jours-ci, ils étaient nombreux à avoir arpenté le littoral et pris des milliers de photos avec leur numérique passe-partout ou leur téléphone portable, même pas dernier cri…

Cela est dans l’ordre des choses. Le changement climatique pèse assez peu dans la balance. Les équinoxes, les fortes marées sur l’Atlantique, les tempêtes de saison et la houle, se fichent pas mal de nos états d’âmes et de nos plages naturelles ou artificielles, de toutes ces constructions, légales ou illégales qui ont pris possession du paysage.

C’est l’occasion au moins bisannuelle pour la nature de reprendre ses droits, de se rappeler à nous, de nous montrer qui est le plus fort lorsqu’elle se déchaîne… Et on a parfois l’impression que plus on la tient en laisse, plus on la brime, plus elle est capable de se révolter et de nous donner la réplique. Bien sûr, c’est attribuer une âme aux choses que de leur donner la parole mais pourquoi pas après tout. Si demain nous disparaissions, suite à quelques cataclysmes « naturels » ou suite à nos errements et à leurs conséquences, la nature, avec ou sans âme, reprendrait la place, toute la place, toute celle que nous lui avons prise sans jamais lui demander la permission, sans jamais mesurer quels en seraient les effets pour les générations à venir.

Débarrassées de leur ultime prédateur, les espèces animales et végétales retrouveraient un nouvel équilibre et pourraient se développer en toute liberté, les forêts se referaient une santé, les ours et les loups remettraient de l’ordre dans la hiérarchie, les vers de terre continueraient à faire leurs trous, oubliant notre passage qui aura duré si peu mais fait tant de dégâts… Le monde, en fait la planète Terre, ne s’arrêterait pas de tourner pour autant, pas tout de suite en tous les cas. Il ne resterait alors dans l’univers que quelques aléatoires petits hommes verts, venus de lointaines galaxies, pour découvrir des traces de notre existence et nous juger à l’aune du temps… Au regard de l’éternité, avouons humblement que ce sera alors peu de chose…

En attendant, il pleut sur Cherbourg, on a sorti les parapluies. Il pleut sans cesse sur Brest, pareil à Nantes… tandis qu’à Cannes, la mer bute sur les plages, ses vagues se heurtent aux constructions qui les gênent aux entournures, emportant au passage des morceaux de béton, des panneaux de bois, éclatant des verrières. Les plagistes s’activent, découragés ou fatalistes, les politiques leur promettent des aides et même d’installer au fond de la baie une sorte de récif artificiel qui réduirait la taille des vagues et briserait la houle dévastatrice… On avait déjà eu droit à la réintroduction des tortues pour lutter contre l’invasion des méduses…

Passera le temps et la « loi littoral », la mer n’en a cure. Sur le long cours, c’est elle qui inscrira le mot… fin.


- plages du Midi, à Cannes, la houle fait sa lessive…