Cannes : l’époque Michel Mouillot
évoquée par un directeur de palace de La Croisette.
Dans les pages du livre de Patrick Scicard dont nous avons eu l’occasion de parler lire, ce dernier évoque les cinq années qu’il a passé à la tête du palace de La Croisette, le Martinez. Il y fait référence à Michel Mouillot et à son action pour la ville du Festival du film.
Lorsque le jeune Patrick débarque sur La Croisette, en décembre 1989, le Martinez est une belle au bois dormant qui fermait ses portes du 15 novembre au 15 mars. Il la réveillera vite de sa léthargie. Grâce à une certaine concordance de pensée avec le « maire de ces lieux », révélateur de la cité : Michel Mouillot.
Celui-ci vient d’être élu, il est plein d’enthousiasme et plein de projets pour la ville. Elle deviendra pour quelques années, sa ville… Patrick Scicard ne renie pas ce passé. Il n’est pas de ceux qui brûlent les idoles lorsqu’elles choient de leur podium. D’autant que le Michel Mouillot que Patrick a connu n’est pas celui qui fut condamné pour corruption dans l’affaire des « casinos ». Celui qu’il connut était toujours sur la brèche, « ébouriffant »…
Ce proche de François Léotard et de Charles Pasqua, qui fut patron de la régie publicitaire de France 3 - poursuit Patrick - avait une idée fixe : faire de sa ville autre chose qu’une simple destination estivale. « Les gens doivent venir toute l’année et pour cela il faut leur en donner l’envie », lui expliqua-t-il, lors de sa première rencontre au bar du Martinez. Effectivement, en moins d’un mandat, il fera de Cannes, la deuxième ville de congrès, après Paris.
Michel Mouillot s’entendait s’appuyer sur les quatre directeurs de palace pour redynamiser sa commune. Régulièrement il les réunissait dans son bureau pour un petit-déjeuner de travail, confie Patrick. Face au vieux port, à la Pantiero et à la mer, il s’émerveillait : C’est pas beau ça !
Michel Mouillot et Patrick Scicard ont un autre point commun, se sont des « fous de travail », toujours sur le pont, une idée nouvelle chassant l’autre dès qu’elle se réalise. Michel fait fort, enchaînant, en smoking, plusieurs dîners par soirée, n’hésitant pas à se mettre à une batterie pour improviser avec les musiciens, sans oublier, à l’heure où Cannes s’éveille, de partager le coup de blanc avec les balayeurs….
Chacun depuis a suivi son propre destin. Patrick est à la tête de Lenôte, Michel a retrouvé sa liberté… de penser. Les autres directeurs de palace ont poursuivi leur chemin, riches de cette expérience. Cannes se prépare à d’autres élections dont les résultats décideront de son avenir. Nous saurons alors si elle est en passe devenir une ville en trompe l’œil, un nouveau Las Vegas, un Ibiza bis… ou autre caprice ou fantaisie de roi. Comme pour un mariage, se sera pour le meilleur et pour le pire.
A lire : La vie est une part de gâteau
, Patrick Scicard, préface de Gaston Lenôtre, éditions Ramsay.