Ce Festival là avait un roi : Maurice Chevalier.

Nous sommes en septembre 1946…

- Maurice, entre un défilé et une projection dans les salles  
du Casino municipal mis à disposition par François André, 
arpente une Croisette encore bien tranquille -

La municipalité communiste cannoise de l'époque demande à Maurice Chevalier un habitué de Cannes, de lui donner “un coup d’épaule” pour le démarrage de ce premier Festival International du Film.

Il participe volontiers à La Parade des Vedettes qui défile en voitures découvertes à partir de l'Hôtel Miramar avant de gagner la rue du Canada et la rue d’Antibes. C’est un défilé à l’Américaine comme on n’en verra plus, ponctué de vivats, de confettis et de fleurs.

Le Festival avait un roi : Maurice Chevalier, lisait-on dans le magazine Cinévie. "Le Cinéma et Maurice, c’est plus qu’une Brève rencontre, titre d'un film projeté cette année là”, ne manque pas de rappeler François et Hélène Vals, infatigables gardiens de la mémoire de l’homme au canotier.

- à la sortie du Carlton, Maurice ne refuse jamais de signer des autographes. 
C’est encore le temps des restrictions alimentaires mais pas des sourires…
On reconnait sur cette photo signée Traverso, l'actrice américaine Merle Oberon 
et la journaliste-écrivain Elsa Maxwel -

Maurice a laissé son nom au générique, le plus souvent en vedette, de 12 films muets et 49 parlants. Il tourne cette année là dans “Le silence est d’or” de René Clair. Il y interprète le rôle d'un homme mûr (il a déjà 58 ans) amoureux d'une jeune fille et obtient au Festival de Locarno le prix d'interprétation. Il joue avec Sinatra. Il partage avec Leslie Caron et Louis Jourdan la vedette dans Gigi de Vincente Minelli qui sera présenté au Festival de Cannes en 1958.

Si Maurice vient souvent à Cannes, c'est qu'il y a fait construire une villa, prénommée La Louque, en hommage à sa mère dont il est très proche. Une villa dans le plus pur style hollywoodien de l'époque, avec tennis et piscine, le tout sur deux hectares de terrain, située plus exactement à La Bocca. Ce petit domaine a vécu bien des tribulations. Récupéré à la mort de l'artiste par la Société des auteurs et compositeurs à qui il l'avait léguée pour qu'y soit créé un lieu de repos pour les artistes, elle sera revendue à la ville de Cannes et restera longtemps à l'abandon. Squattée, en partie brûlée, elle méritait mieux. Il semble que la mairie a maintenant un projet pour elle.

A lire, dans le Maurice Chevalier présenté par Francis Vals, aux éditions Didier Charpentier, la touchante déclaration d'amour de Maurice à la ville de Cannes et à son déjà prestigieux Festival :

Rebonjour,Cannes

La Bocca.
La Louque.
Cannes.

Ces trois mots représentent tout l'avenir pour moi.
Ces trois noms forment un tout que je pourrais intituler "Coda" ou terminaison d'une chanson longue d'un demi-siècle.
Relais entre les courses, les voyages, les batailles.
Havre pendant les orages, nid sentimental formé de tant de souvenirs.
Espoir, certitude d'avoir choisi pour endroit à vivre le plus beau coin du monde.
Le Festival du Cinéma ajoute encore à son importance, à sa grâce.

Vive le Festival :
Cannes.
La Louque.
La Bocca.