La préface de Jean Giono
en mai 1961, Jean Giono auquel Fernand Dartigues avait été présenté quelques années plus tôt, et dont il était devenu un familier, lui écrivait une courte préface pour un ouvrage de poésie, éditée à compte d'auteur : EN VERS... mais pas contre tous.
Un moment dans le besoin, il devait se séparer de l'original, itou du croquis de Bernard Buffet ayant servi pour la couverture ; Fernand l'avait soutenu dès ses débuts.

Il y a très longtemps que je connais
 Dartigues : Avant de connaître sa
 poésie, je connaissais sa sensibilité. Je
 l'avais vu souvent ému de subtilités
 presque imperceptibles. On retrouve ce
 bonheur de vivre dans ses vers. Il
 est composé des délicatesses du cœur,
 d'harmonies de quelques
 secondes orchestrées sur l'instant,
 de toute une gymnastique de l'âme
 faite de petits mouvements à peine
 perceptibles, mais organisant
 un glissement insensible vers
 des sérénités très importantes.
 Dartigues sait, de science
 certaine, de quoi est fait le bonheur.
 Il a pour le chanter une voix qui
 est celle d'un Villon Méditerranéen.
 Il ne se laisse jamais emporter par
 l'emphase et la démesure : seconde
 après seconde il apporte comme une
 fourmi obstinée brins de pailles à
 brins de pailles pour composer à la fin
 une gerbe d'or.
 Il y faut une âme
 paisible et très avertie des choses
 essentielles.
Jean Giono - mai 1961