En question : les zones commerciales et les entrepôts de e-commerce…

Le gouvernement a pris quelques mesures encourageantes concernant les ZC mais reste plutôt frileux pour ce qui est des entrepôts de e-commerce.



- projet Open Sky Valbonne -


Le Conseil de défense valide le moratoire sur les zones commerciales mais n’acte rien concernant les entrepôts de e-commerce alors que deux mégas projets devraient être autorisés dans les prochaines semaines. Une décision incohérente alors que les entrepôts artificialisent autant de terres que les zones commerciales, que le commerce physique traverse une crise sans précédent qui pourrait voir 26 000 emplois détruits en 2020, et que les projets sur la table vont générer une importation de plus d’1,3 milliards de produits supplémentaires, quand les émissions liées aux importations sont déjà supérieures aux émissions nationales. 

Le moratoire est confirmé pour les zones commerciales. Une bonne nouvelle, mais il reste à savoir s’il s’appliquera à la dizaine de projets qui ont déjà été autorisés ces derniers mois [notamment à Sophia Antipolis avec l’Open Sky, dans la plaine du Var et celle de la Siagne] et si la rédaction finalement retenue sera suffisamment ambitieuse. 

Ce matin encore, Barbara Pompili appelait de ses vœux un gel temporaire des procédures d’autorisations d’entrepôts de e-commerce le temps qu’une étude d’impact soit réalisée pour améliorer l’impact environnemental et social du secteur. Pourtant, la Ministre de l’environnement a finalement annoncé qu'une « mission parlementaire sera lancée pour passer en revue l’ensemble des dispositifs notamment fiscaux qui encouragent l’étalement urbain, le cas des entrepôts périphériques de e-commerce sera examiné dans ce cadre. » 

L’absence de mention d’un gel n’a rien d’un hasard, alors que le Gouvernement sait que les projets d’Amazon de 76 000 m2 à Belfort et de 190 000 m2 à Ensisheim pourraient être autorisés dans les prochaines semaines. Il semblerait que les tenants de la ligne du laisser-faire, pour préserver « l’attractivité de la France » et surtout ne pas envenimer les relations avec les États-Unis et la Chine, soient en train de l’emporter au Gouvernement. 

Les Amis de la Terre dénoncent une décision à contre courant de la volonté de la Convention Citoyenne pour le Climat, qui souhaite inclure les entrepôts de e-commerce dans le moratoire. L’exclusion des entrepôts heurte de plein fouet les ambitions climatiques et la lutte contre l’artificialisation affichées par le Gouvernement. Les 13 projets d’entrepôts Amazon et Alibaba qu’ils ont identifié vont conduire à l’artificialisation de plus d’1,4 millions de m2, une surface équivalente, si ce n’est supérieure, aux projets de zones commerciales en cours. Ils conduiraient en outre à la mise en marché de plus d’1,3 milliard de produits supplémentaires par an, alors que le Haut Conseil pour le Climat alerte sur le fait que les émissions liées à nos importations sont déjà supérieures aux émissions nationales. 

L’exclusion des entrepôts de e-commerce du moratoire aurait également des effets économiques désastreux. Il est désormais prouvé que le e-commerce détruit 2 à 3 fois plus d’emplois qu’il n’en crée. Aux États-Unis, la croissance de la vente en ligne a déjà engendré la destruction de plus de 270 000 emplois et 70 000 magasins supplémentaires pourraient fermer d’ici 2026. En France, alors que 26 000 emplois sont menacés en 2020 dans le secteur, la décision risque de mettre le coup de grâce pour de nombreuses enseignes en procédure judiciaire.

Il convient donc d’être attentif au suivi du dossier et de faire pression pour que soit pris en compte les arguments environnementaux et sociaux de ce secteur de l’économie.