L’hôtellerie française en demi-teinte, voire plus pâle encore ...

Après quatre mois de reprise progressive à la suite du déconfinement et un été porteur d’espoir, les performances de l’hôtellerie française sont reparties à la baisse au mois de septembre. Si les hôtels ont plus largement rouvert leurs portes, la demande atone des clientèles d’affaires et l’absence d’évènementiel ont pesé sur les performances du mois, particulièrement dans les grandes métropoles et les gammes supérieures. Quelques destinations tirent tout de même mieux leur épingle du jeu, mais le tableau global est plutôt à une rechute des résultats : l’hôtellerie française est désormais entrée dans une dynamique de « stop and go ».



- Cap Estel, Eze -


Sous l’impulsion de la clientèle de loisirs essentiellement domestique, l’activité hôtelière était bien repartie en juillet et surtout en août, en particulier sur le littoral français. Cette dynamique estivale positive et l’arrivée de la rentrée, habituellement synonyme de reprise de la demande dans les territoires qui ne sont pas des destinations de vacances, ont conduit les hôtels à rouvrir plus massivement leurs portes courant septembre, pour atteindre jusqu’à 93% du parc habituellement disponible. Mais des écarts subsistent encore entre les gammes et les territoires : ainsi, seulement 3⁄4 des chambres habituellement disponibles à la vente le sont aujourd’hui en segment haut de gamme & luxe ainsi qu’à Paris. Dans la capitale, cela constitue tout de même une nette amélioration relativement aux mois d’été, pendant lesquels moins de la moitié du parc hôtelier était ouvert.

Toutefois, depuis la fin du mois de septembre et début octobre, on constate un léger fléchissement à la baisse du taux d’ouverture, des hôtels haut de gamme et luxe notamment, en raison de la persistance de l’absence de clientèle internationale et d’événements d’affaires ou de loisirs, une activité qui reprend normalement au cours du mois de septembre. Or beaucoup de salons ont été annulés à la rentrée et sur les trimestres à venir.

En France, le Revenu hébergement par chambre disponible (RevPAR) de septembre 2020 a ainsi reculé en moyenne de -58,5% par rapport à l’année précédente. Les hôtels haut de gamme & luxe sont là encore les plus touchés avec une baisse de 75,1% de RevPAR dans ceux d’entre eux (soit les 3⁄4 du parc) qui avaient rouvert leurs portes. Mais la baisse d’activité est sensible jusque dans les segments budget et économique, qui étaient jusqu’ici les moteurs de la reprise de l’activité hôtelière française. En effet, la baisse relative de la clientèle loisir est habituelle en septembre ; en revanche les clientèles d’affaires n’ont pas repris leur activité comme elles le font habituellement au cours de ce mois. Ce manque à gagner touche plus fortement Paris et sa région qui restent ainsi en sous performance par rapport à 2019 que les autres zones.

Au niveau des métropoles, les plus grandes sont clairement les plus touchées (Paris -82%, Nice -76%, Marseille et Toulouse -53%), à la fois parce que ce sont celles ayant en temps « ordinaire » le plus fort rayonnement international et donc la plus grande proportion de nuitées générées par les visiteurs étrangers, parce qu’elles sont dans une situation sanitaire plus dégradée (impactant l’activité des bars et restaurants, notamment à Marseille) et aussi parce qu’elles dépendent beaucoup, sur le mois de septembre, de l’évènementiel qui est actuellement à l’arrêt. Strasbourg (-66%) est aussi fortement pénalisée par l’annulation des sessions du Parlement Européen, qui ont été déplacées à Bruxelles pour la sixième fois cette année en raison de la crise sanitaire, et Toulouse par les difficultés de l’aérien.

A noter à l’inverse le cas singulier de la Métropole de Brest, dont l’hôtellerie a été la seule de France à enregistrer une évolution positive de RevPAR par rapport à l’année dernière, car la ville a bénéficié au cours de ce mois de l’hébergement de marins en quatorzaine et d’équipages de paquebots arrivés dans les chantiers de réparation navale, avec notamment le passage de trois navires de la Disney Cruise Line. Globalement, les villes portuaires tirent un peu mieux leur épingle du jeu en ce septembre 2020 : Saint-Nazaire et Le Havre ne voient leurs revenus hôteliers ne reculer « que » de 16%, relativement à l’année dernière, et Toulon de 24%, soit une performance significativement supérieure aux standards de Province hors région Sud (-34%).

Enfin, il est aujourd’hui difficile de prédire ce que seront les perspectives de l’activité hôtelière pour les mois à venir avec l’incertitude qui plane sur toutes les mesures de confinement et de restrictions des déplacements ou l’ouverture des bars et restaurants. Pour le secteur, l’enjeu sera de réduire les pertes au 4e trimestre et d’essayer de relancer, à la montagne notamment, la saison d’hiver.


(selon les données publiées par MKG consulting