Année 1962 : quatre chiffres gravés au fer rouge dans le cœur

de milliers de Pieds-Noirs.

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Catégorie Pieds dans le plat

Pour Jocelyne Mas «  Cette année-là », fut l'année de tous les malheurs.

Toute la jeunesse française danse et chante,
Sur cette chanson de Claude François.
Mais pour les Pieds-Noirs, c’est l’année de tous les malheurs.

Janvier 62 débuta comme avait fini Décembre 61,
Avec son concert de casseroles, le bruit des bombes
Et des fusillades.

Pour tout un peuple,
C’est l’année la plus terrible,
L’année où l’exil se profile à l’horizon.
Les parents, les grands-parents pleurent,
Tandis que les enfants, insouciants, jouent
A la guerre et se bombardent à coups de noyaux d’abricots.

Après les Accords d’Evian,
La trahison est encore plus flagrante.
Rien n’est respecté, ni les personnes, ni les biens.
Les Accords sont bafoués dans le sang.
La France laisse tuer ses fils sans réagir.

L’été arrive avec son angoisse du départ.
L’été 62, l’été du malheur.
Seul le bruit des vagues sur la grève,
Atténue notre douleur.

Quelle souffrance, pour ceux qui ont choisi la France !
La France avait conquis ce pays, mais elle n’en voulait plus.
Et ceux qui avaient travaillé si dur, qui avaient souffert dans leur chair,
Ceux-là avaient fait de cette terre aride et caillouteuse la Californie de la France.
Ceux-là aussi, la France n’en voulait plus.
Après tant d’années de travail, après avoir vaincu les fièvres, la malaria, la typhoïde,
Ils étaient vaincus eux aussi, contraints de tout quitter, contraints à l’exil.

Jocelyne MAS

Écrivain - Membre de la Société des Poètes Français