Le procès Dominici, lettres...
Fernand Dartigues suivit le procès de Gaston Dominici, à Digne en 1954, aux côtés de Jean Giono. Il écrivit plusieurs articles et donna quelques conférences sur le sujet. ici, c'est sous la forme de vers libres qu'il s'exprime.
Quels secrets savent-ils que je ne connais pas ?
Je vois des pauvres gens, d’autres couverts d’insignes
et je trouve parfois la comédie indigne
(Ô patrie, ô concorde entre les citoyens !)
Que te dire de plus ? Je n’en ai pas besoin.
Pour te raconter tout il faudrait tant de lignes !
Je songe à la blancheur des neiges et des cygnes
Parmi tous ces coquins, farceurs et faux témoins
Et je voudrais ce soir m’en trouver loin, très loin !
Je juge ce procès dans la ville de Digne
En pensant aux amis, à l’air pur et je signe
Mon petit feuilleton…mais la suite à demain
« Nous sommes tous des assassins ! »
C’est le film que l’on tourne à Digne.
Quel metteur en scène désigne
Les magistrats, les médecins,
La foule qui souvent trépigne,
Les braves gens et les vauriens ?
Le Bon Dieu reconnaîtra les siens
Et condamnera les indignes.
C’est l’espoir de celui qui signe.
Mais pour l’heure il n’y comprend rien.
Tous ces jurés, ces faux témoins
Trop stupides ou trop malins
Ces gendarmes, ces écrivains
Qui viennent tirer à la ligne
Je voudrais en être bien loin !
Mais quelque chose me retient :
J’attends qu’elle nous fasse signe
La Vérité des grands matins.
J’attends que de ses blanches mains
Ce soit elle qui nous désigne
Le meurtrier. J’ai grand besoin
D’un esprit et d’un cœur certains
Pour ne pas dire en quittant Digne :
« Nous sommes tous des assassins ! »
Fernand Dartigues, le 26-11-54
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