Après la fast-fashion, l’optique est dans le viseur des entreprises chinoises…
La fast-fashion est ce que le fast-food est à l’alimentation saine, une supercherie basée sur une illusion entretenue par la publicité. Moins chère certes mais son caractère éphémère - le terme fast est suffisamment explicite - gomme les bénéfices qu’on pourrait en tirer. Le fait de manger régulièrement dans des fast-food, n’aura-t-il pas sur le long terme des effets sur notre santé ? S’habiller de vêtements qui ne dureront que quelques mois, nous feront-ils vraiment réaliser des économies ? Ce chois ne risquera-t-il pas de mettre en difficulté une industrie hier prospère ? les conséquences environnementales de la surconsommation engendrée, ne seront-elles pas désastreuses ? Poser la question, c’est déjà y répondre n’est-ce pas…

- Shmidt Sergey -
Après l’alimentaire et la mode vestimentaire, c’est au tour de l’optique de subir cette tendance. Depuis des années déjà, de petits malins achetaient leurs lunettes en ligne sur les sites de ventes chinois. A leur risque et péril. Cette-fois, le Made in China prévoyait d’entrer par la grande porte, celle d’un grand magasin parisien, le BHV. La marque Blacksheep aurait ainsi rejoint Shein et participé à la tendance, au risque, là-aussi, de déstabiliser tout un secteur. Mais les réactions face à cette annonce, ont, semble-t-il découragé les propagandistes et, finalement la marque d’optique devrait se replier à quelques pâtés de maison, au 91 rue de la rue Rivoli.
Cette entreprise fondée par Pierre Wizman, est la première enseigne d'optique à revendiquer pleinement sa production chinoise. Elle proposera aux visiteurs un vaste choix (plus... 3000 modèles de montures) rendu possible grâce à une mise en relation directe des consommateurs avec ses usines chinoises. Un modèle sans intermédiaire, qui promet des prix défiant toute concurrence comme des montures à partir de 2,50 €, des verres unifocaux à 5 €, et des progressifs à 25 €. De plus, des tests de vue gratuits seraient réalisés sur place par des opticiens certifiés.
Une concurrence - loyale ou pas - qui pourrait porter une sacré coup au moral des professionnels français européens aussi. Interrogé, le DG des magasins La Branche (Vallauris, La Roquette-sur-Siagne, Marseille Allauch), Jean-Valery Desens n’est pas surpris : « C'est la tendance du produit jetable fabriqué sans aucune norme et à la qualité médiocre. Aujourd'hui il existe des verres et des montures à quelques euros aux qualités visuelles très dégradés. C'est exactement le modèle de Shein. Une dérive catastrophique pour l'économie de notre pays, pour l'environnement mais également pour le portefeuille des citoyens qui finalement consomment moins cher mais en beaucoup plus grande quantité. Ainsi, une étude toute récente montre que 7 articles sur 10 de l'enseigne ne sont pas aux normes européennes. A titre personnel, j'ai fait le choix de ne jamais consommer les produits de la fast-fashion. »
La surconsommation, le tout jetable vont-ils vraiment dans le sens de l’Histoire, à l’heure où les enjeux environnementaux deviennent évidents et prennent un caractère d’urgence ? Posez la question, c’est y répondre !
- Pour rappel : le gouvernement a instauré, à l'intention des plus modestes, un « 100 % santé » optique qui permet la prise en charge par l’assurance maladie et les mutuelles, des lunettes de vue (monture et verres). Par ailleurs, Jean-Valery Desens est à l’origine d’un projet ambitieux dans le domaine de l’accès aux soins visuels. Il devrait permettre de participer à réduire les déserts médicaux, en proposant une télé-expertise en ophtalmologie effectuée chez un opticien partenaire. Voir ici les détails de son entreprise.