Nos pneus, un danger (de plus) pour notre santé et l’environnement…
Dans ces domaines, les bonnes nouvelles sont rares. Encore une qui montre les effets inattendus de ce qu’on peut considérer pourtant comme un progrès tant il fait partie de notre quotidien et nous facilite la vie.

L’association nationale « Agir pour l’environnement » vient en effet de faire analyser la composition chimique de pneumatiques automobiles de 6 grandes marques représentatives du marché européen : Bridgestone, Continental, Goodyear, Hankook, Michelin et Pirelli. Ces nouvelles analyses font suite à une première étude menée en octobre 2024 qui avait mis en évidence les émissions de particules fines et ultra fines issues de l’abrasion des pneus sur les routes.
Les nouvelles analyses ont permis d’identifier 1 954 molécules différentes dont 785 présentent de graves risques pour la santé et l’environnement. Chaque année en France, l’abrasion des pneus entraîne le rejet de près de 50 000 tonnes de substances dans l’air, les sols et les eaux. Ces particules exposent l’ensemble de la population, en particulier les enfants, à des risques accrus de cancers, de troubles neurologiques, ainsi que de maladies respiratoires et cardiovasculaires. Les nouvelles analyses menées par l’association ont permis d’identifier 1 954 molécules différentes dont :
- 111 substances fortement toxiques pour les milieux aquatiques ;
- 237 ayant un effet néfaste à long terme sur ces écosystèmes ;
- 85 potentiellement mortelles en cas d’ingestion et de pénétration dans les voies respiratoires ;
- 112 molécules cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR) ;
- Et des dizaines de substances mortelles en cas d’ingestion, d’inhalation ou de contact cutané.
Face à cette menace invisible, il apparaît raisonnable d’y voir plus clair. L’association de protection appelle à lever le secret industriel sur la composition chimique des pneus ; créer un nouvel étiquetage européen intégrant un indicateur de toxicité chimique ; mettre en place une autorisation de mise sur le marché régulée, en fonction de la dangerosité des molécules identifiées dans les pneus.
Pour Stéphen Kerckhove, directeur de l’association Agir pour l’environnement, également membre du Conseil national de l’air, « il y a urgence à modifier la législation encadrant la fabrication et la commercialisation des pneus afin de limiter les risques pour les écosystèmes et les dangers sanitaires de ces molécules qui n’ont fait l’objet d’aucune évaluation sérieuse. »