Beauval. Un delphinarium a 300 km de la mer…
Alors que la France s’est engagée, en 2021, sur la voie d’une sortie progressive de la captivité des cétacés, le projet du zoo de Beauval vise à créer un « centre d’études et de recherche » pour dauphins. Derrière un vocabulaire de façade se cache, selon l’assocaition One Voice et ses partenaires (C’est Assez et Tilikum Spirit), un nouveau delphinarium, synonyme de souffrances prolongées pour les dauphins, avec en sus la reproduction des animaux et de possibles transferts à terme vers d’autres delphinariums jusqu’en Chine.

- Bassin des otaries de Californie du ZooParc de Beauval,
lieu du spectacle L'Odyssée des lions de mer, photo Léodras, 2016 -
Selon les informations rendues publiques, Beauval qui se trouve à presque 300 km de la mer, prévoit des bassins de plus de 30 000 m³ d’eau de mer... artificielle pour accueillir de nombreux dauphins tursiops. Si les chiffres semblent impressionnants, ils restent largement insuffisants pour subvenir aux besoins physiologiques et comportementaux des dauphins, qui parcourent librement jusqu’à 90 km par jour dans l’océan. Le Dr Pierre Gallego, vétérinaire et biologiste marin spécialiste des cétacés, atteste que ce projet « n’est ni plus ni moins qu’un delphinarium déguisé », dénonçant une instrumentalisation du bien-être animal pour légitimer la reproduction et la captivité.
L’association de protection animale rappelle que la loi votée en 2021 devait signifier la fin programmée de la captivité des cétacés en France. Or, ce projet de Beauval poursuit la logique des delphinariums traditionnels, en prévoyant notamment la naissance de nouveaux individus et des échanges entre delphinariums. On notera qu’à Antibes, Marineland a fermé ses portes au public le 5 janvier dernie
r malgré la proximité de la mer et des autorités longtemps complaisantes.
Pour Muriel Arnal, présidente de One Voice, « Beauval tente de nous vendre un sanctuaire sur terre : des bassins en béton maquillés en refuge. Demain, faudra-t-il accepter des cirques fixes, où des tigres passeront leur vie dans des camions ? »
L’association dénonce également la pression exercée par Marineland, qui agite la menace d’un transfert de ses dauphins vers l’Espagne. Cette stratégie met les autorités françaises devant un faux dilemme : choisir entre la captivité à Beauval ou un exil à l’étranger, alors qu’une troisième voie existe - celle des véritables sanctuaires marins.
Depuis 2020, One Voice travaille avec ses partenaires à des solutions de sanctuaires afin d’offrir aux dauphins captifs un cadre semi-naturel où ils puissent réapprendre à vivre sans contrainte et en toute sécurité. Ce modèle, soutenu par la coalition européenne Dolphinaria-Free Europe, est reconnu comme la seule option crédible pour garantir le bien-être des dauphins sans reproduire les schémas de l’industrie de la captivité.
Pour David Perpinan, vétérinaire spécialisée, ayant travaillé au delphinarium Loro Parque : « En Espagne, trois delphinariums ont fermé récemment, et c‘est le cas partout en Europe. Le zoo de Beauval, lui, décide de continuer à faire souffrir des dauphins en les faisant se reproduire et en les gardant captifs dans des bassins en bétons. »
One Voice appelle le ministère de la Transition écologique à rejeter formellement le projet du zoo de Beauval, qui contredit les engagements pris par l’État pour la protection des cétacés. L’association rappelle qu’elle s’est déjà mobilisée et a réussi à bloquer le transfert des orques de Marineland vers le Japon et qu’elle continuera à se battre contre toute tentative de perpétuer la captivité sous des appellations trompeuses. CQFD !

- Grand dauphin (Tursiops truncatus) surfant dans le sillage d'un bateau de recherche
sur la Banana river, près du Centre spatial Kennedy -