Alpes-Maritimes. La croisière n’amuse plus…

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Le préfet met le dossier sur les navires de croisières à plat. Il a présenté plusieurs mesures concrètes aux collectivités et aux acteurs concernés.



- Cannes... et de deux, soit à minima 5000 personnes qui débarquent
en quelques heures, pour quelques heures de déambulation -


Le département des Alpes-Maritimes constate que, chaque année, il accueille un nombre important de navires de croisières, dont certains de grande capacité, pouvant entraîner des contraintes sur les infrastructures portuaires et pour les communes littorales concernées. Afin de concilier la protection de l’environnement et de la santé publique, la tranquillité des populations locales et les enjeux économiques et touristiques, Laurent Hottiaux, Préfet des Alpes-Maritimes et Christophe Lucas, Préfet maritime de la Méditerranée, ont engagé une concertation territoriale sur ce sujet.

Lors d’une première table ronde le 11 juillet dernier, ils ont réuni le Conseil Départemental, les communes de Cannes, Villefranche-sur-Mer, Beaulieu-sur-Mer, l’Union maritime 06, les représentants des croisiéristes, l’ Union pour les Entreprises, la Chambre de Commerce et d'Industrie. Le Président de la Métropole Nice Côte d'Azur, absent le 11 juillet, avait toutefois assuré le Préfet de son adhésion à la démarche de concertation engagée.

Cette table ronde avait été l'occasion de dresser un diagnostic partagé entre toutes les parties présentes sur l'importance de l'accueil des navires de croisière pour le département, les responsabilités respectives de l’État et des collectivités dans les ports et en mer, et les actions déjà engagées dans le cadre de « la Charte croisière durable en Méditerranée », récemment révisée.

Le fait que les escales soient programmées 2 ans à l’avance a été souligné et pris en compte  afin d’éviter les effets de reports d’escales.

Lors d’une seconde réunion, le vendredi 10 octobre, qui associait l’ensemble des collectivités et acteurs économiques, le Préfet et le Préfet maritime ont proposé un certain nombre de mesures de régulation de l’accueil des navires de croisières dans le département. Elles seront mises en œuvre à la publication de l’arrêté préfectoral. Ainsi, les escales des navires de croisière débarquant des passagers dans le département des Alpes-Maritimes devront répondre aux caractéristiques suivantes :

◦ limité à une moyenne annuelle de 2 000 passagers débarqués par escale et par port ;
◦ limité à 3 000 passagers maximum débarqués par escale et par port.

Mais  pour Christian Estrosi, le Maire de Nice et Président de la Métropole Nice Côte d’Azur le compte n’y est pas :

« Les mesures de régulation des croisières proposées par l’État à l’issue des deux réunions de concertation sont désormais soumises à la consultation publique. Mais à l’issue de cette réunion, un constat d’échec s’impose : nous sommes loin des objectifs fixés. En l’état, ces propositions auraient un impact marginal sur le littoral niçois et métropolitain. Elles ne répondent pas aux attentes légitimes des habitants, qui demandent avant tout à vivre dans un environnement sain et préservé. La santé publique et la protection des écosystèmes côtiers doivent être placées au premier rang des priorités.  C’est pourquoi je réclame une véritable régulation, fondée sur trois principes clairs :

  • limiter strictement le nombre d’escales de croisières par an,
  • bannir l’accès des géants des mers, incompatibles avec les équilibres fragiles de notre littoral,
  • donner la priorité aux navires les moins polluants.

Il est impératif que l’État entende les alertes des scientifiques, dont les travaux démontrent l’impact sanitaire et environnemental de la pollution liée aux croisières. Si les mesures proposées étaient confirmées sans être durcies, j’engagerais alors une procédure contre l’État pour carence fautive, afin de faire reconnaître la responsabilité publique dans la protection de la santé de nos concitoyens et de leur littoral.

Je continuerai à agir avec détermination pour un tourisme maritime durable, respectueux de la mer, de l’air et des générations futures ».

[NDLR : le débarquement dans les villes côtières des Alpes-Maritimes ne peut pas manquer d’affecter la dynamique locale par la venue, en quelques heures de plusieurs milliers de visiteurs éphémères et peu consommateurs… il n’est pas rare de voir dans la Baie de Cannes, deux ce ces paquebots, parfois trois, stationnés… exemples malsains de ce surtourisme que de plus en plus de personnes dénoncent, que se soit à Venise, Barcelone, Lisbonne… ou Nice...]