Elizabeth Colomba : de New-York à Mougins…
D’origine martiniquaise, l’artiste est l’une des rares à avoir pu replacer la femme noire dans le contexte de l’art et de l’histoire coloniale.

Elizabeth Colomba a été formée à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Elle y a acquis des techniques propres aux maîtres anciens. Ainsi nantie, elle se plonge dans les récits mythologiques, historiques et allégoriques en y plaçant la modèle noire au cœur d’une tradition picturale dont elle a longtemps été exclue. Par la force du portrait, elle répare l’effacement des femmes de couleur dans l’histoire de l’art, offrant à chacune de ses figures une place centrale. Ce faisant, elle interroge les conventions de la beauté et rappelle le rôle subtil mais essentiel que joue la représentation dans la construction des identités culturelles.
Les œuvres de Colomba figurent dans de prestigieuses collections privées et publiques. Elle a aussi fait la couverture de plusieurs revues majeures, notamment The New Yorker en juin 2022, à l’occasion de la première commémoration du Juneteenth (fête commémorative américaine qui célèbre la fin officielle de l’esclavage).
Présentée par FAMM (Femmes Artistes du Musée de Mougins) , cette exposition majeure en Europe, marque les débuts institutionnels d’Elizabeth Colomba en France, son pays natal. Réunissant 31 œuvres, dont 15 peintures à l’huile de grand format, 14 dessins préparatoires et 2 aquarelles, dont beaucoup jamais exposés auparavant, l’événement offre une vision de la pratique de Colomba, où les thèmes de la beauté, du pouvoir, de l’identité et de la mémoire historique sont explorés à travers un prisme résolument européen.
De la splendeur baroque de Vermeer et Caravage, aux fantasmes orientalistes d’Ingres et de Constant, en passant par les portraits mondains de Sargent et la grâce rococo de Vigée Le Brun, Colomba dialogue avec les canons même qui autrefois projetait richesse, prestige et pouvoir. Ses toiles, foisonnantes de soies, de perles, de pierres précieuses et d’intérieurs ornés, abondent également de références historiques et de symbolisme, recalibrés pour inverser les codes hérités. Le colonialisme qui autrefois affirmait les hiérarchies entre les peuples est transfiguré en un langage de dignité, d’émancipation et de mémoire culturelle, restituant présence et souveraineté aux femmes noires longtemps privées d’une place dans le canon de l’art et de l’histoire.

- Elizabeth Colomba dans son studio. Photo Carla Phillips. Artwork
© 2020 Elizabeth Colomba / Artists Rights Society, NY -