Cap sur un monde meilleur !

À la voir déambuler en robe fleurie, pieds nus dans l’herbe fraîche, sa petite dernière au bras, la ribambelle des aînés qui courent autour d’elle, Abysse, le jeune chiot berger allemand qui ouvre la marche avant que ce monde d’innocence ne rejoigne la table du petit-déjeuner dressée façon Famille Ricoré, on n’imagine pas que, passé le week-end, cette mère de famille (5 enfants de 18 mois à 16 ans) sera dès 6h du matin dans le premier avion pour Paris qui la conduira à sa première conférence de la semaine dans les bureaux de Vinci, entreprise fortement engagée dans la transition écologique et le monde durable. 

Non, deux salles, deux ambiances entre le week-end et la semaine. Le week-end c’est la famille et la semaine c’est le travail, majoritairement. Entre Nice et Paris. Entre son rôle d’Ambassadrice pour l’éducation à la mer et celui d’Experte en développement durable. Entre Fondation et émissions. Entre Conférences et Congrès mondiaux. Entre tournages et écriture. Entre recherches de mécènes et actions en faveur des populations n’ayant jamais vu la mer. Exemple : cette année, elle a emmené 20 000 enfants issus des zones d’éducation prioritaires voir la Grande Bleue. Pour la première fois. Éduquer, est son objectif premier. Faire connaître car « pour protéger il faut aimer et pour aimer il faut connaître ». L’Océan. Celui sur lequel elle a grandi de son septième jour à sa quinzième année, sur le bateau de son père, en famille là encore, avec sa mère adorée, si présente dans son cœur.

Maud est un cœur plein et un caractère bien trempé. Une radicalité : plus de dîners, pas de mondanités, de l’efficacité et des relations authentiques. Des actions qui le sont tout autant : la Fondation qu’elle anime depuis 20 ans, les films qu’elle fait avec Canal +, le prochain, sixième de la série « Bleu, un océan de solutions » sera tourné au Japon dans les Îles Sud Tropicales avec cette mission d’aller à la rencontre d’hommes et de femmes qui dédient leur vie aux Océans pour mieux les faire connaître. Leur fonction, leur fragilité, leur richesse, ce qu’on leur doit. Cette source de vie. 

La France, deuxième puissance maritime mondiale, a clairement un rôle à jouer à l’heure où Trump (Président de la première puissance maritime) a annulé toutes les aires maritimes protégées (sic). La navigatrice aux multiples exploits rappelle : « les océans, ça n’est pas juste pour des navigateurs un peu fous, c’est tout près de nous, les enjeux au cœur de leur préservation sont non seulement géopolitiques mais vitaux. On peut (encore) y arriver ! ». C’est ce qu’elle n’a eu de cesse de faire passer comme message à l’occasion de l’UNOC (Conférence des Nations Unies sur l’Océan) qui s’est déroulée à Nice en juin dernier. Et c’est avec les petits ruisseaux qu’on fait les grandes rivières. Pour preuve, dit-elle, les nouvelles lois sur la pêche du thon rouge ont permis de repeupler les océans de cette variété de scombridés.

Dans son 26e livre - « L’océan, source de vie », formidablement construit et documenté - c’est à la mer nourricière qu’elle se consacre. Rappelant que les Français mangent 35 kilos de poissons par an, les européens 21 et les asiatiques 22 ! Nous voilà une fois de plus les mauvais élèves de la classe monde. Une fatalité ? Non, nous dit Maud, qui viendra clôturer ce cycle dédié aux Personnalités vivant plusieurs vies en Une, battant les flots de l’époque, œuvrant pour un monde meilleur. Plus conscient, plus responsable, donnant l’exemple dès le petit-déjeuner, avec sa tribu, sa vie au grand air, sa vie ensemble, les plus grands s’occupant des plus petits. 

Alors heureuse Maud ? Et de citer, pour conclure, cette phrase de Jules Renard : « Je ne suis heureux que depuis que j’ai renoncé au bonheur. » 

Agnès Bouquet