Consommation. L’été de tous les dangers...
« Pour que la saison estivale ne rime pas avec arnaques, prix prohibitifs et accès limité à la culture. » Les députés européens, Pierre Jouvey et Emma Rafowicz, prodiguent leurs conseils :

« C’est la dernière infolettre de notre délégation avant la pause estivale, ce qui nous invite à vous parler de l’été... Souvent synonyme de divertissements et de repos notamment depuis la grande victoire du Front Populaire qu’a constituée l’introduction des congés payés en 1936 - héritage que nous défendrons n’en déplaise au gouvernement Bayrou qui vient d’annoncer une possible réduction du nombre de semaines de congés contre rémunération pour renflouer par tous les moyens un budget d’austérité.
Ces droits acquis de haute lutte pour les citoyens et les travailleurs ont conduit au développement de pratiques culturelles et à une démocratisation du tourisme. La belle saison voit ainsi fleurir les festivals et les spectacles et invite aux voyages, et donc à organiser ses transports et ses hébergements.
Ces opportunités sont excitantes et colorent la vie. Quand elles sont culturelles, elles s’inscrivent au cœur de l’héritage de l’exception culturelle française façonnée par le prix unique du livre, et par conséquent par une certaine idée de la démocratisation dans l’accès à la culture.
Mais à bien y regarder, il faut bien admettre qu’un sentiment diffus de méfiance a pu s’immiscer parmi les consommateurs et les citoyens depuis quelque temps.
Car ces invitations hédonistes font le bonheur d’entreprises peu scrupuleuses de profiter des consommateurs en adoptant une tarification dynamique, c'est-à-dire une modification du prix fondée sur les tendances de l’offre et de la demande en temps réel en s’appuyant sur les possibilités offertes par l’intelligence artificielle. À ne pas confondre avec la tarification personnalisée, qui, elle, ajuste les prix en prenant en compte des données personnelles, par exemple les habitudes d’achat et les données sensibles.
Le recours à la tarification dynamique s’observe particulièrement dans le secteur du divertissement (concerts, expositions, événements sportifs), dans l’hébergement touristique (hôtels et locations de courte durée) ou encore dans le secteur des transports (billets de train, applications de covoiturage) mais également les prix de l’énergie.
Cette pratique, sans égard pour l’intérêt public, génère de fait des inégalités dans l’accès aux produits, aux services et aux expériences culturelles qui peuvent atteindre des prix exorbitants. Par exemple, les prix des billets pour le « Renaissance tour » de Beyoncé en mai 2023 ont suscité de vives critiques : seuls les plus riches pouvaient se permettre de tels tarifs, les prix standards se trouvant multipliés par 5 en fonction de la progression de la vente atteignant ainsi près de 320 euros, sans compter les prix VIPs qui ont pu atteindre jusqu’à 900 euros. Il est difficile de savoir si ces prix profitent par ailleurs réellement aux artistes. Et le fait que certaines plateformes se retrouvent en situation de monopole à l’instar de Live Nation Entertainment dans le secteur de la vente de billets, renforce par ailleurs cette inégalité d’accès et cette privation de droits.
Cette pratique pose également des questions concernant la transparence et la prévisibilité pour les consommateurs qui ne peuvent prévoir l’augmentation de prix.
C’est pourquoi nous souhaitons sensibiliser les consommateurs et exigeons plus de transparence. Les consommateurs doivent a minima savoir qu’une tarification dynamique est en place et ne doivent pas l’apprendre à la fin de la transaction. Il est temps de cesser de duper les consommateurs. Nous souhaitons également limiter les augmentations de prix en fixant un pourcentage maximum autorisé pour éviter les prix excessifs ainsi que soit assuré le respect de l’interdiction des procédés de manipulation de l’émotion ou de la préférence à l’instar des bandeaux indiquant aux visiteurs des supposées données sur le nombre de visiteurs simultanés.
C’est l’un des nombreux enjeux de la loi sur l’équité numérique que nous appelons la Commission européenne à proposer pour compléter les principales lois sur le numérique comme le DSA qui ont permis d’encadrer les pratiques en lignes pendant la législature précédente et devraient s’attacher à une meilleure protection des consommateurs en ligne ! »
Pierre Jouvey et Emma Rafowicz
[NDLR. Les vacances pour tous, c’est aussi le tourisme pour tous et ses effets indésirables sur les ressources, son lot de pollutions diverses et variées, ses atteintes graves à la biodiversité...]