Agnés Varda, sa curiosité n’est pas un défaut...

Agnès Varda (1928-2019) est une figure majeure du cinéma et de la photographie, s’illustrant sur le tard dans le domaine des arts plastiques. Le musée Soulages a décidé de lui rendre un hommage.



Le projet d’exposition du musée Soulages jouait sur le lien amical entre Pierre et Colette Soulages et Agnès Varda à Sète, lien qu’elle immortalisa d’une part dans Les plages d’Agnès puis dans Agnès de ci de là : le musée Soulages possède en effet un certain nombre de photographies du peintre réalisées par la cinéaste et son équipe de tournage. Un entretien de Soulages au sujet de ses peintures Outrenoir est diffusé dans les salles permanentes du musée.

L’exposition de Rodez est une ode à la curiosité : associer librement le fonds photographique d’Agnès Varda autour du tournage de La Pointe Courte (compositions sur le monde du port, des pêcheurs, de la Méditerranée) aux constructions de cabanes, et nombreuses évocations de la mer et des plages dans son œuvre d’artiste visuelle…. L’environnement du film le Bonheur sorti en 1965 sera évoqué poétiquement : par des fleurs, des tournesols, des bouquets, dans des vases de Valentine Schlegel et quelques photographies de tournage. Cette association de photographies en noir et blanc, en couleur, d’objets et d’installations filmiques, composent un itinéraire inédit, une scénographie déroulée en histoire. L’exposition incarne ses recherches et ses passions d’artiste.

Agnès Varda, photographe et cinéaste, eut une riche carrière s’épanouissant dans les années 60 et 70. Elle appartient à l’histoire du cinéma mondial. Après la pratique de la photographie mise au service du Théâtre National Populaire et de la troupe de Jean Vilar pour le festival d’Avignon, c’est donc le cinéma qui occupa le plus clair de son temps : proche d’Alain Resnais, de Chris Marker, de William Klein et bien sûr de Jacques Demy, qui deviendra son compagnon, Agnès Varda partage son appétence sociologique et imaginative au sein de ce petit groupe dit de la « Rive Gauche ». Ensemble, ils se distinguent du groupe de la « Rive Droite » portée par les jeunes cinéastes et critiques des Cahiers du Cinéma dont Godard, Rivette, Rohmer et Truffaut.

Les œuvres d’Agnès Varda traitent de sujets politiques, de sujets de société, comme les revendications féministes. Dans son abondante filmographie, relevons son premier long-métrage - La Pointe Courte tourné à Sète (1955), Cléo de 5 à 7 (1961), L’une chante l’autre pas (1977), le troublant Sans toit ni loi (1985) - Lion d’Or à la Mostra de Venise la même année -… des films de fiction auxquels succèdent de nombreux longs métrages documentaires, parmi lesquels Mur murs (1981), les Plages d’Agnès (2008), Visages… 

Depuis 2003, Agnès Varda a développé une activité d’artiste plasticienne avec des installations, des projections, de multiples écrans, et par un ingénieux recyclage : des étonnantes « cabanes de cinéma ». Tout a commencé à la Biennale de Venise en 2003, puis dans de nombreuses autres institutions comme la Fondation Cartier (2006), la Xe Biennale d’art contemporain de Lyon (2009), Le « Voyage à Nantes » (2012), et le Domaine de Chaumont en 2019 pour sa dernière exposition personnelle.


« La Méditerranée, l’Atlantique, le flux et le reflux, le détail ou l’immensité, forment la clef de voûte de l’esprit de Varda. »



- Agnès Varda, dépôt de la cabane de plage, aussi cabine de projection, 2011
© Succession Agnès Varda -