Caroline Desnoëttes aux Paradeisos…

Catégorie Les Arts au soleil

En Seine-Maritime, le Parc de Clères donne - jusqu’au 28 septembre - le champ libre à une artiste engagée dans la protection de la biodiversité.




Avec « Paradeisos », l’artiste Caroline Desnoëttes rend un hommage vibrant et inédit à l’œuvre de Jean Delacour, ornithologue fondateur du parc de Clères. Depuis son plus jeune âge, Jean Delacour (1890-1985) a souhaité vivre dans un paradis où les animaux ne se mangeraient pas entre eux et ne mangeraient pas la végétation environnante. Il passera sa vie entière à rendre son rêve possible. Visionnaire et précurseur, il était conscient de la fragilité des écosystèmes et de l’appauvrissement de la biodiversité. Paradeisos se termine par SOS comme pour signifier l’urgence à protéger nos paradis que sont les écosystèmes et la biodiversité. Présentées dans le château et dans le parc, les œuvres, pour la plupart monumentales, de Caroline ont été conçues en écho avec les collections du parc et réalisées à partir de ressources naturelles issues du site et du territoire.

Caroline Desnoëttes est une artiste engagée et optimiste qui explore depuis une dizaine d’années la coévolution du vivant grâce à une technique radicale, sobre et contemporaine. Très proche du public, elle partage ouvertement l’élaboration et le sens de ses œuvres par des médiations accessibles et toujours exigeantes. L’hybridation entre les plantes, les êtres humains et les animaux est au cœur de son œuvre, comme hommage et manifeste pour attirer le regard sur les espaces et espèces menacées. Ses performances, installations, expositions évoquent la relation symbiotique du vivant qui s’entremêle en un écosystème. L’artiste développe et joue d’une vaste palette de médiums naturels ou innovants et de techniques biomimétiques. Son œuvre est une recherche permanente faisant dialoguer l’art et la science : elle travaille avec des chercheurs du CNRS et de la Sorbonne, des bio-acousticiens et des acteurs de l’économie circulaire pour ancrer ses œuvres dans une démarche écologique, collective et interdisciplinaire.

Paradeisos, qui donne son nom à l’exposition, est un paysage monumental, une grande vague de couleur, fruit d’innombrables heures de travail. La technique de la « tapisserie du vivant » a été développée par l’artiste au cours de recherches d’un dispositif léger, éco-conçu et au rendu plastique exceptionnel. En faisant éclore près de 30 000 fleurs d’encres et de terres naturelles sur du papier en fibre de mûrier, dans un grillage triple torsion à maille hexagonale de cage à poule, l’artiste compose une œuvre pointilliste de paysages ondulants, d’une profondeur unique. Comme autant de pixels sur une image, de gouttelettes dans le ruisseau, de plumes sur un paon, ce bas-relief laisse entrevoir, à mesure qu’on le côtoie, roches, végétation, eau, et tous les fruits de l’imagination.