Cannes. Il était une fois à la Pointe du Palm Beach...
le projet Frantour
Au vue de la réussite instantanée du Port Pierre Canto en 1965, premier du genre, Jean Robert Toutain, pdg du casino d’été du Palm Beach, travailla sur un projet pendant plusieurs années. Projet qui aurait complètement bouleversé la pointe de la Croisette, changer la perspective de la Baie et de l’île Sainte Marguerite mais aussi l’identité de la ville. Pour le meilleur ou pour le pire ? Nous ne le saurons jamais, puisque le projet ne se réalisa pas. Pourtant les investisseurs, essentiellement des banquier suisses, étaient partant. Il faut dire que Jean Robert Toutain c’était mis à dos le frère du président de la République Olivier Giscard d’Estaing qui voyait en lui un concurrent putatif… aux municipales à venir.

Le conseil municipal d’avril 1974 scella définitivement les espoirs de voir surgir une presqu’île sur cet emplacement. Fut évoqué les directives ministérielles de 1973 proscrivant toute construction en bord de mer ainsi « qu’un endigage de 14 hectares entraînant la destruction de la faune et de la flore sous-marines et un programme immobilier de 35 000 mètres carrés générateur d'un privilège au profit d'intérêts privés, au détriment de l'urbanisme et de l'intérêt public. »
Un article publié en septembre 1969 dans l’hebdomadaire « Cannes Midi » propriété de M. Maestroni et publié dans les années 50/60/70, donne quelques détails sur le projet resté dans les tiroirs et les archives aussi :
« En tenant compte de ces nécessités esthétiques, négligées parfois ailleurs, il est possible de doter Cannes d'un équipement touristique de grande classe sans charge aucune pour le contribuable cannois. La station pourrait enfin attirer et satisfaire la riche clientèle internationale en quête de grand confort et qui jouerait un rôle d'entraînement auprès d'autres personnes. D'où une influence notable sur l'économie cannoise jointe à celle de la création de très nombreux emplois nouveaux.
C'est sans doute une orientation toute nouvelle que pourrait prendre la politique touristique de Cannes à partir de cet aménagement. Même concurrencée par tant d'autres régions du monde, la Côte d'Azur conserve tous ses atouts et continue à jouer son rôle de fascination. Mais encore lui faut-il mettre en valeur ses bonnes cartes et ne pas décevoir ses fervents. A Cannes spécialement, il faut viser haut et agir vite, pour être prêt à faire face à cette civilisation des loisirs qui s'annonce et dont première manifestation sera sans doute la mise en service des supers-jets transatlantiques: l'aérodrome de la Côte d'Azur ne sera plus qu'à trois heures et demie de New-York et à 45 minutes des principales capitales européennes.
Après plus de trente études et avant-projets échelonnés sur cinq ans et où toute idée d'une tour élevée fut très vite abandonnée, un dernier projet a été élaboré par Monsieur E. Lizero et Monsieur L. Lafond, architectes, et le Bureau d'Études Techniques E.T.E.C.O.C., à partir des recommandations et directives de Monsieur le Ministre de l’Équipement et du Logement, et de Monsieur le Ministre des affaires Culturelles. Il a reçu par la suite les agréments nécessaires de la Ville de Cannes, de la Commission Départementale des Sites, Perspectives et Paysages, de la Commission des Rivages, et il a obtenu la prise en considération du Ministère de l'Équipement et du Logement et du Ministère des Affaires Culturelles; il a été enfin soumis à enquête publique.
Le Projet d'aménagement de la Frantour comprend essentiellement :
- un hôtel de grand luxe de 140/150 chambres environ, traité dans une architecture excluant toute notion de compacité ;
- des résidences groupées en blocs de petites celle des immeubles de la Croisette et leur sera même parfois inférieure ;
- un port de plaisance aux lignes arrondies, autour duquel s'inscriront l'hôtel et les résidences ;
- des plages artificielles d'une superficie d'environ 35.000 m2, soit environ, sept fois plus qu'actuellement ;
- quelques boutiques nécessaires à la vie, à l'animation, à l'environnement de ce complexe.
- des voies de circulation, parkings, garages, promenades, solariums, jardins, espaces verts.
Ce complexe touristique sera entièrement ouvert à la libre circulation publique ; en particulier toute la frange littorale: plages, digues, etc... sera d'un accès permanent. D'autre part, le Boulevard Gazagnaire aura deux voies de circulation entièrement neuves jusqu'au niveau du port du Mouré Rouge; elles seront éloignées des immeubles que desservira la chaussée actuelle conservée; la plage sera elle aussi élargie.
Grâce à l'architecture basse et variée, le site ne sera pas défiguré; les vues sur la mer et les îles seront préservées et même embellies. Les études garantissent que les courants marins ne seront pas modifiés dans la passe, ni la navigation gênée (elle sera même améliorée par l'écrêtement de quelques hauts fonds dangereux). » CQFD !
