La France face à sa dette et à l’impasse économique…

Dans cette tribune, l’économiste Jean-Luc Ginder met en lumière la situation économique critique de la France, accentuée par l’explosion de la dette publique et sa gestion peu efficace du système social et fiscal :




« Depuis quelques jours, la panique s’installe dans les sphères économiques françaises. La cause ? L'explosion des taxes douanières qui menace nos échanges commerciaux. Nous fonçons droit dans le mur, et le pire dans cette situation, c’est que tout le monde nous y pousse. Au lieu d’agir, nous avons compliqué les choses à l’extrême.

L’origine réelle de ce chaos reste non-dite : la dette publique. Voilà des années que l’État vole en pilote automatique, et pas par temps calme. La France se trouve confrontée à 3000 milliards d’euros de dette, un vent contraire qui pèse lourdement sur son avenir économique. Depuis l’arrivée de François Bayrou au gouvernement, les résultats sont clairs : à peine 3 milliards d’euros d’économies dans le dernier budget, contre 27 milliards d’impôts supplémentaires, déguisés en augmentations fiscales cachées.

La France persiste dans ses deux dérives : dépenser toujours plus, taxer toujours plus. Ces deux travers, loin d’être corrigés, nous enfoncent chaque jour un peu plus dans le gouffre de la dette. Par ailleurs, certains acteurs politiques utilisent la situation mondiale actuelle pour justifier l'absence de réformes structurelles. On ne dépense pas moins, on ne taxe pas moins, mais on reste figé dans un statu quo mortel.

Prenons le cas des retraites : le vrai débat aurait dû porter sur l’âge du départ à la retraite. 67 ans en 2033 semble pourtant inévitable si nous voulons éviter une baisse dramatique des pensions des générations futures. Mais de cela, il n’est jamais question. Le gouvernement préfère flatter les électeurs en promettant 62 ans, un âge que l’on brandit fièrement lors des soirées de promesses électorales, tout en étant bien conscient qu'il ne correspond plus à la réalité économique du pays.

La situation est alarmante. La France, autrefois classée 11ème pays le plus riche par habitant dans les années 80, est aujourd’hui reléguée à la 23ème place. Cette dégringolade est le résultat d’un modèle social qui coûte trop cher et qui est de moins en moins soutenable. Les petites rémunérations se multiplient, pendant que les salaires hautement qualifiés s’envolent à l’étranger, fuyant un environnement fiscal et économique devenu étouffant.

Pourquoi ces talents quittent-ils le pays ? Les charges trop lourdes. La France taxe lourdement l’industrie, ce qui décourage l’investissement et détruit de l’emploi. On voit ainsi nos emplois qualifiés s’échapper, tandis que le pays peine à garder ses talents. Et la question cruciale reste : comment accepter de s'endetter davantage pour financer le chômage, les retraites et la santé, si ce n’est en comprimant les dépenses publiques ?

La réalité est que la protection sociale est la source principale de notre déficit public. Il est impératif de rééquilibrer nos comptes sociaux pour pouvoir investir dans l’avenir. C’est pourquoi il est urgent de revoir en profondeur le système des retraites et de protection sociale. Aujourd’hui, ce système est devenu trop coûteux et inefficace, avec 47 milliards d’euros de frais de gestion pour l’ensemble des lignes budgétaires. Une folie comptable à laquelle il faut mettre fin.

D’après la Cour des comptes, la France risque de voir sa dette atteindre 130 % du PIB. Et la note de la France, qui sera réévaluée le 31 mai prochain, pourrait être une nouvelle alerte. Aujourd'hui, la France figure parmi les pays les plus taxés au monde, et les 10 % des plus riches supportent 52 % de la charge fiscale. Pourtant, les entrepreneurs et les créateurs de richesse s’en vont, à la recherche de conditions plus favorables à l’épanouissement économique.

Nous vivons sous l’illusion qu’une petite partie de la population peut porter un système aux coûts de gestion gigantesques. Mais cela n’est plus tenable. Le ras-le-bol fiscal est réel, et si des réformes structurelles ne sont pas entreprises immédiatement, la rébellion fiscale est inévitable. Pourtant, au vu des dernières propositions gouvernementales, il semble que nous soyons condamnés à un enchaînement de nouvelles taxes déguisées, comme l’augmentation des taxes sur les successions. À ce rythme, il serait nécessaire de réaliser des économies nettes de 110 milliards d’euros pour redresser la situation. Et cela est possible, à condition de réduire les dépenses publiques et d'accepter de travailler davantage pour redynamiser l’économie.

La charge de la dette va continuer de croître pour atteindre près de 100 milliards d'euros par an d’ici la fin du quinquennat. Et si cette tendance se poursuit, le FMI pourrait bien se retrouver à imposer des réformes à la manière de ce qu’a vécu la Grèce : une baisse des retraites de 15 à 20 %. Cela serait la fin de notre souveraineté nationale.

La France doit agir, et elle doit agir vite. La réduction du déficit est la priorité absolue. Moins de croissance signifie plus de déficit, et c’est le travail des Français qui, à terme, financera notre modèle social. Ce sera une politique de réformes profondes, d’économies douloureuses, mais nécessaire.

Il est temps de sortir du déni et de dire la vérité aux citoyens. L’endettement magique est un mythe, et il est urgent d’en finir avec cette illusion. La France doit respecter ses citoyens et leur présenter la réalité. Nous comprenons déjà la situation, et il est grand temps que le gouvernement le fasse aussi. »

Jean-Luc Ginder