Côte d’Azur. L’impact de l’industrie des Croisières maritimes sur la santé...
Que ce soit à Marseille, à Nice, Cannes ou dans tous les ports où les paquebots de croisières font escale, on commence enfin, à prendre conscience que cette activité liée au tourisme, voire au surtourisme, a des conséquences néfastes sur la qualité de vie et la santé des habitants des villes qui les accueillent.

- Cannes, quand yen a pour un... yen a pour deux (c) PCA -
A Nice, le maire, Christian Estrosi met notamment en exergue le fait que, depuis 2015, les émissions dues au fonctionnement des navires de croisières sont en augmentation de 25%. De son côté, la CCI Nice Côte d’Azur publie une étude sur l'impact économique des mesures de régulation des croisières présentées en conseil portuaire le 7 mars dernier. Cette étude se concentre sur la modélisation des mesures annoncées comme effectives à partir du mois de juillet 2025 - une limitation à 65 escales maximum par an (au lieu des 88 prévues) sans dépasser une par jour, 2500 passagers par navire en rade de Villefranche, 450 passagers à Nice. Elle annonce un manque à gagner pour l‘économie locale de près de 2,7 millions € dont dont plus de 600 00 € pour Nice.
Les chiffres très théoriques de la CCI ne convainquent pas tous les observateurs impartiaux. Néanmoins, il représente, voire caricature bien le dilemme pérenne qui se manifeste dans de nombreux dossiers sociétaux. L’intérêt économique, généralement à court et moyen terme, face aux intérêts à plus long terme comme la santé, le développement durable, la biodiversité... en général, pour les politiques qui agissent le plus souvent en fonction d'échéances électorales rapprochées, le choix est vite fait... dézolé.
Christian Estrosi, Maire de Nice et Président de la Métropole Nice Côte d’Azur, fait lui, sur ce dossier, un choix courageux autant qu’improbable, celui de la santé des habitants qui vivent à proximité des lieux d’escale. Une proximité plus étendue qu’il n’y paraît, c’est ce que des études tendent à prouver. En effet, les pollutions de l’air engendrées, poussées par les vents de mer, se déplacent sur plusieurs kilomètres vers l’intérieur des terres. Le maire développe dans une déclaration publique, son argumentaire :
« L’étude de la CCI évalue les impacts directs et indirects en matière économique, mais oublie de prendre en compte la récente étude réalisée par Atmosud sur l'impact de ces mêmes croisières sur la qualité de l'air et la santé publique des habitants de la Métropole. Le prisme économique ne peut pas être le seul critère de décision.
L’étude a mis en avant qu’en ce qui concerne la ville de Villefranche-sur-Mer, le secteur du maritime représente le principal émetteur d'oxydes d'azote, avec 48 tonnes chaque année, soit 71% du total des émissions sur la commune. Elle souligne par ailleurs que depuis 2015, les émissions des croisières sont en augmentation de 25%, avec des panaches de fumée touchant lors d'une même escale, Nice, Villefranche, Beaulieu et Saint-Jean-Cap-Ferrat. Tout cela a évidemment des conséquences pour la santé des habitants.
Lorsque de telles évolutions en matière de pollution et de risques sanitaires me sont présentés, il est de mon devoir et de ma responsabilité de prendre des mesures adaptées et équilibrées pour y répondre. C'est tout le sens du tourisme choisi, plutôt que celui du tourisme subi.
Au niveau de la Métropole, nous avons fait notre choix et notre stratégie porte ses fruits grâce à l’accueil de grands évènements internationaux dont les retombées dépassent largement le chiffre avancé par l’étude de la CCI.
A elle seule, l'arrivée du Tour de France le 21 juillet 2024 a généré 60 millions d’euros de retombées économiques ; l’Etape du Tour, le 6 juillet 2024 c’est 37,3 Millions d’euros. En 2023, la Coupe du Monde de rugby a généré 148 Millions d’euros dont 134 liés aux visiteurs étrangers ; l’Ironman c’est 22,5 millions d’euros de retombées économiques. L’Euro 2016 avait généré 177 Millions d’euros sur 3 semaines. Quant à l’événement le plus récent, le Carnaval de Nice, il a rapporté cette année près de 35 Millions d’euros de retombées économiques.
Je rappelle aussi que la croisière ne génère pas plus de 4% du flux touristique annuel, une part marginale qui ne bénéficie pas directement à notre hôtellerie, et avec des retombées limitées sur la restauration. L'essentiel du budget d'un croisiériste est capté par les compagnies de croisière avec des offres all-inclusive. Les clients des très grands navires restent peu de temps et ne vont pas dans les hôtels azuréens. »
Tout cela semble tellement évident pour des observateurs attentifs et impartiaux, beaucoup moins pour des concurrents politiques (de droite principalement), quant aux opposants écolos, motus et bouche cousus... ils regardent ailleurs.

- pas de fumée sans... pollution de l'air (c) PCA -