Clean Industrial Deal : au-delà des beaux discours, il faut des actes…
Éditorial de Thomas Pellerin-Carlin, député européen et chercheur, spécialisé dans les questions de politique européenne de l'énergie2 et de politique européenne de défense.
La semaine prochaine, la Commission européenne va dévoiler son « Clean Industrial Deal », un pacte pour verdir et garantir l’avenir de l’industrie européenne.
Dans son annonce, la présidente de la commission a donné le ton : « L’Europe est déterminée à jouer un rôle moteur dans la révolution des technologies propres ». Ces fameuses « cleantech » où l’on retrouve les batteries, l’hydrogène, les éoliennes et quelques autres technologies. Mais au-delà des beaux discours, il faut des actes pour que l’Europe devienne enfin la puissance écologique et industrielle dont notre monde a besoin.
L’heure est grave. C’est ce que m’ont rappelé les ouvriers d’ArcelorMittal à Dunkerque lorsque je les ai rencontrés. Leur entreprise procrastine et tarde à faire les investissements nécessaires, menaçant l’avenir même de ce site clé pour la souveraineté industrielle française.
Pour l’acier vert, comme pour les technologies propres, il est impératif que nos industriels investissent maintenant pour garantir les emplois et l’outil de production. Ne pas le faire, c’est condamner l’Europe à manquer le virage de la révolution verte. Sans investissements réels, capables de soutenir nos travailleurs et notre industrie, nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs climatiques.
Alors comment faire ? Nous disposons d’outils pour nous aider à préserver notre souveraineté : recherche et développement, taxe carbone aux frontières, mesures pour favoriser la production verte et locale, organisation des filières de la mine au recyclage, enchères pour l’hydrogène, subventions pour les batteries… Ces initiatives ont déjà fait leurs preuves. Il est désormais temps de les déployer à l’échelle industrielle.
Vous l’avez compris, nous avons à notre disposition tous les leviers nécessaires pour assurer notre avenir. Encore faut-il choisir d’actionner ces leviers ! Cela permettra de réussir la révolution énergétique, écologique et industrielle que nous avons porté lors de la campagne européenne. Pour résumer, il faut un triangle d’or : la vision partagée qui entraîne les énergies dans la bonne direction, la réglementation qui garantit un cadre clair, équitable et l’investissement public comme privé qui permet de transformer les projets visionnaires d’aujourd’hui en des réalités tangibles demain.
Au fond, c’est cela l’objectif du « Clean Industrial Deal ». On jugera de son efficacité, non pas au nombre d’articles de presse qui paraîtront le soir de sa présentation, mais aux milliards d’euros investis, aux millions d’emplois créés ou préservés et à la réduction de la pollution rendue possible par la modernisation de l’appareil industriel européen.
Pour cela, il doit affirmer la vision de faire de l’Europe une puissance écologique et industrielle. Il doit garantir la mise en œuvre des réglementations qui ont déjà été adopté et les compléter là où c’est nécessaire. Et enfin, un vrai plan européen d’investissement de long-terme, à l’image de ce que les États-Unis réalisent bientôt trois ans avec l’Inflation Reduction Act.
C’est en investissant dans notre avenir que nous relèverons l’Europe !
[NDLR. De la même façon, que ni la France, ni l’Europe ne peuvent accueillir toute la misère du monde, l’Europe ne peut pas être la seule à se préoccuper des problèmes liés au changement climatique... Sinon, ça ne marchera pas et les progrès engrangés, si importants soient-ils, ne parviendront pas à faire pencher la balance et à équilibrer les comptes...]